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Culture

Ahmad le magnifique

La chaleur est énorme à l’intérieur de la salle du Théâtre de Vénissieux, ce 29 avril. Il fait déjà chaud dehors et il n’y a pas un fauteuil de libre à l’intérieur, ce qui fait monter d’autant la température. Sur la scène, les musiciens s’épongent entre deux notes et le démarrage du concert est quelque peu languissant. Le public n’est pas mécontent pour autant, il sait qu’il a devant lui un dieu du clavier : il suffit à Ahmad Jamal d’effleurer les touches pour que la magie opère. Au bout de quelques morceaux, le groupe se sent à l’aise et le concert démarre vraiment. Ahmad Jamal mélange dextérité, sensibilité et humour. Il plaisante avec ses musiciens, tous excellents, se tourne souvent vers son percussionniste Manolo Badrena pour entamer un jeu qui fait le bonheur de tous. Ainsi, la mélodie qu’interprète Ahmad est aussitôt reprise par Manolo qui fait tinter des clochettes. Ahmad se retourne vers lui, hilare, reprend la mélodie, change quelques notes comme s’il lançait un pari à son percussionniste qui, chaque fois, reproduit les mêmes sons à partir de ses clochettes.

Grand gaillard à la barbiche blanche, Manolo Badrena dégage tout à la fois de la puissance lorsqu’il martèle ses bongos et de la douceur quand il s’agit de faire tinter ses clochettes  et ses cloches tubulaires. Il fait penser à l’acteur américain Sterling Hayden dans “Le privé” de Robert Altman, lui aussi mélange de force et de fragilité dans son rôle d’écrivain échoué.
Sur “Flight to Russia”, après un formidable solo de Herlin Riley à la batterie, Ahmad Jamal recommence à jouer quand le public, comme c’est la coutume en jazz, se met à applaudir avec un petit temps de décalage. Généreux, Ahmad s’arrête, désigne son batteur du doigt et relance les applaudissements. Parfois, il jette aussi une petite interjection, comme s’il venait de trouver la bonne note alors que ses compositions sont admirablement construites et que l’on comprend, en l’entendant, pourquoi on l’a surnommé, entre autres, “l’architecte”. Puis, toujours humble, il laisse la place à un de ses musiciens, Manolo, Herlin ou James Cammack le contrebassiste.
Pendant cette fabuleuse prestation, Ahmad Jamal et sa formation ont essentiellement interprété des titres de l’album “A Quiet Time” (Dreyfus), qui comprend neuf compositions d’Ahmad Jamal, une reprise de Randy Weston et d’un standard des années quarante, “I Hear a Rhapsody”. Un bonheur !

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