
Le méga procès de l’amiante a été ouvert en 2019. Il concernait 1 200 plaignants
« Nous avons été profondément indignés par la suppression du Groupe d’études amiante à l’Assemblée nationale annoncée à la mi-décembre 2024 par M. Xavier Breton, vice-président de votre institution ». C’est en ces termes que trois syndicats affiliés à Renault Trucks Vénissieux/Saint-Priest s’adressent aux membres de l’hémicycle dans un courrier en date du 15 mai.
Car ce groupement de députés issus de diverses formations politiques, créé en 2014, a fait les frais d’une rationalisation. Forte de 110 groupes lors du précédent exercice, l’Assemblée nationale n’en compte plus que 67. La décision, validée par les représentants de groupes politiques, n’a pas toujours reçu l’aval des députés engagés. « Le groupe d’études amiante n’a pas véritablement été supprimé, il n’a pas été reconduit avec la 17e législature, nuance le service presse de l’Assemblée. Il aurait fallu qu’un plus grand nombre de groupes politiques demande sa création. »
« S’il n’y a plus de groupe d’études, il n’y a plus d’auditions, et le problème de l’amiante passe sous le tapis, regrette Hélène Cotten (CGT Retraités). Le rapport de force doit se poursuivre. La défense des droits des travailleurs en dépend. On ne travaille pas pour tomber malade mais pour produire des richesses. »
Un groupe, plus informel, en attendant mieux ?
Pour rappel, en 2024, après 22 ans de luttes sociales et de batailles juridiques sans précédent, 1 400 anciens salariés des usines Berliet-RVI, Iris Bus et Arvin Méritor avaient fini par obtenir 8 millions d’euros d’indemnisations pour le préjudice d’anxiété après avoir été exposés à la poussière mortelle. « Malgré certaines indemnisations, des milliers de travailleurs restent concernés, rappelle Idir Boumertit, député de la 14e circonscription du Rhône. L’amiante est toujours présent dans nos usines, nos écoles, nos hôpitaux et continue de faire des victimes. » Venu rendre visite aux sections CGT Retraités et Ouvriers le 27 mai, l’élu LFI a saisi le vice-président de l’Assemblée pour lui demander le rétablissement du groupe d’études. »
En attendant cette éventualité, une solution temporaire – et moins formelle – a été trouvée. Elle est venue de Julien Gokel (PS). Le 20 mai, le député de la 13e circonscription du Nord annonçait sur LinkedIn le lancement d’un groupe de travail sur l’amiante. « Près de 30 députés de tous horizons ont déjà répondu présent. Une première réunion se tiendra en juin, avec la participation active des associations. »
Contacté, le député socialiste justifie son choix : « Il me semblait essentiel que ce sujet ne disparaisse pas des radars parlementaires, tant les dangers sanitaires liés à l’amiante sont toujours bien réels. L’amiante est responsable de plus de 1 700 décès par an en France. Les projections font état de 68 000 à 100 000 décès entre 2009 et 2050, avec un pic attendu cette même année. Ce nouveau groupe de travail transpartisan reprend l’esprit du groupe d’étude de la précédente législature : un espace de suivi, d’alerte et de propositions. Il s’inscrit dans la continuité des travaux engagés, en lien avec les associations de victimes, les experts, et les institutions comme le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva). »
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