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Réforme des retraites, la contestation s’installe

À la veille d’une nouvelle journée nationale de mobilisation, salariés et élus locaux analysent les annonces du gouvernement.

Manifestation contre la réforme des retraites, Lyon le 5 décembre 2019. R. Bert Expressions

Après une première journée nationale de grève et de manifestations, le 5 décembre, l’annonce du plan gouvernemental de réforme des retraites, six jours plus tard, a amplifié la contestation. À la veille d’une nouvelle journée de mobilisation, qu’en pensent salariés et élus locaux ?

Loin de désamorcer la contestation du projet de réforme des retraites, l’allocution du Premier ministre, le 11 décembre, l’a amplifiée. Bien que perturbant le quotidien de nombreux Français, le soutien à la grève reste majoritaire dans l’opinion et les cortèges des manifestations font le plein partout en France, à l’image de celles du mardi 17 décembre. À l’approche des fêtes de fin d’année, le gouvernement joue la carte – classique – de la “prise d’otage” des usagers par les grévistes, accusés d’empêcher les retrouvailles familiales ! Mais, fragilisé par la démission de son “Monsieur Retraite” empêtré dans ses “oublis”, le gouvernement peine manifestement à convaincre…

La mobilisation est notamment très forte du côté des profs. À Vénissieux, par exemple, de nombreux groupes scolaires sont restés fermés les 5 et 17 décembre et les établissements ont tourné au ralenti dans le secondaire. Pascal Favriou, enseignant au collège Elsa-Triolet, syndiqué à FO, comptabilise déjà cinq jours de grève, aux côtés de collègues professeurs, de personnels de la vie scolaire et d’agents de la Métropole. “Il ne faut pas laisser passer. Avec le système proposé, je perdrai près de 800 euros par mois à la retraite. Inacceptable. De plus, le gouvernement fait passer des populations bénéficiant des régimes spéciaux pour des privilégiés, alors que ce n’est pas pour rien si des particularités sont prises en compte.” Les fonctionnaires de police viennent d’ailleurs d’obtenir que leur retraite soit épargnée par la réforme.

Julien Serrano, agent territorial à Vénissieux. Photo R. Bert Expressions

“J’en vois déjà, des vieux qui mangent dans les poubelles à la fin du marché, je ne veux pas que ça m’arrive”, s’insurge Julien Serrano, qui travaille aux services techniques municipaux de Vénissieux. “Pourtant, avec mes revenus d’ouvrier, je n’aurai pas les moyens de souscrire une épargne-retraite privée. Et puis, partir à 64 ans… J’aime mon métier, mais il y a des contraintes physiques qui auront des conséquences sur ma santé, c’est sûr. C’est moderne, de se bousiller au travail ?” Pour ce quadra syndiqué à la CGT, la réforme des retraites est la goutte d’eau qui fait déborder le vase d’une révolte qui gronde depuis deux ans. “Faire grève, ça me coûte, mais il faut se bouger maintenant, assure-t-il. Après ce sera trop tard et là, on peut gagner.”

Michèle Picard, maire (PCF) de Vénissieux

« LES DÉCLARATIONS DU PREMIER MINISTRE NE CHANGENT RIEN »

« Sur le fond, on retrouve les grands principes du rapport Delevoye, à commencer par le système de calcul par points. Ceux qui prétendaient que les manifestants et les syndicats rejetaient une réforme sans connaître son contenu sont démentis. Les déclarations du premier ministre ne viennent en rien corriger l’injustice du rapport Delevoye. Décaler la réforme aux classes d’âge à partir de 1975 au lieu de 1963 ne peut pas être considéré comme un progrès, c’est juste une tentative de division des générations. Si Édouard Philippe avait annoncé le retour de l’ISF pour financer les retraites, on aurait pu parler de vrai changement. Mais on voit que ce sont toujours les mêmes qui vont travailler plus et plus longtemps, alors que ceux qui font de l’argent en dormant ne sont pas mis à contribution. Sur la pénibilité, c’est pareil, on ne peut pas parler de progrès alors que, dans le Code du travail, la reconnaissance de la pénibilité ne cesse de reculer. Non seulement ces déclarations ne changent rien, mais je crois qu’elles vont accentuer la colère des Français. »

Yves Blein, député (LREM) de la 14e circonscription

CONVAINCU DE LA NÉCESSITÉ D’UNE RÉFORME MAIS PAS SI VITE

« Je suis très attaché au système de retraite par répartition imaginé et mis en place par le Conseil National de la Résistance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Je pense que ce modèle de solidarité fait partie de ce qui contribue à faire nation en France. Les Français sont attachés à cette solidarité forte, et je partage cet attachement ! J’ai été un peu surpris par la prise de position du Premier ministre lors de son discours le 11 décembre, qui a provoqué une rupture – provisoire je l’espère – avec la CFDT et l’UNSA. Pour ma part, même si je suis convaincu de la nécessité d’une réforme, je ne pensais pas utile d’engager en même temps le travail sur la refonte du système et celui – nécessaire aussi – sur l’équilibre des régimes. En matière de réforme, « chi va piano, va sano » et il est toujours dommage de risquer l’échec parce qu’on est trop pressé. C’est le point de vue que j’exprimerai si l’Assemblée nationale est appelée à s’exprimer sur un texte… qui n’est pas encore déposé sur son bureau ! »

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Dominique Barzasi

    17 décembre 2019 à 6 h 35 min

    J’admire la mauvaise foi de Mr Blein qui, comme toujours ménage la chèvre et le chou : flatte le Conseil National de la Résistance qui a mis en place le système de retraite par répartition dans une France dévastée, avec la CGT. Et se range du côté de la CFDT et du gouvernement pour créer une retraite à points favorisant le capital par le biais des assurances retraites qui compléteront les retraites de ceux qui pourront se les payer!!
    Ce système de retraite prôné par Macron et ses amis banquiers et actionnaires, provoquerait une baisse importante des retraites versées par leur régime universel. Les français le rejettent largement, ils ont compris et savent calculer. Le système actuel, en préservant les régimes spéciaux, peut être amélioré : rétablir des cotisations patronales pour les salaires les plus élevés, faire cotiser les patrons Uber et autres.., fiscaliser les capitaux, développer l’emploi et augmenter les salaires. des solutions existent pour une vraie solidarité et un système de retraite juste. Le gouvernement se précipite pour engraisser encore et toujours le capitalisme financier… Bravo aux syndicalistes de tenir tête à ces menteurs du gouvernement, bonne manif aujourd’hui et continuons à défendre notre système de retraite et l’améliorer avec des propositions cohérentes (égalité des salaires femmes-hommes entre autre..)

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