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Essai transformé pour les filles de Jacques-Brel

Chaque mercredi après-midi, les douze filles de la section sportive rugby de la cité scolaire Jacques-Brel chaussent les crampons au stade Laurent-Gérin.

Chaque mercredi après-midi, les douze filles de la section sportive rugby de la cité scolaire Jacques-Brel chaussent les crampons au stade Laurent-Gérin. À leurs côtés : Mélissa Lebeuf, entraîneur et joueuse dans l’équipe féminine Une du LOU, ainsi que Norbert Meissirel, professeur d’EPS à la cité scolaire et lui aussi passionné de ballon ovale. Il a d’ailleurs joué au LOU et y a été entraîneur.
La séance se déroule en plusieurs temps. D’abord l’échauffement. Tours du terrain en petites foulées, étirements… Place ensuite au jeu. Pour Norbert Meissirel, l’enseignant responsable de la section, pas de doute : “Le pari est déjà gagné”.
“Tout a commencé l’an dernier : dans le cadre de mes cours d’éducation physique et sportive, j’avais proposé à mes élèves de faire un trimestre rugby. Certaines filles ont bien accroché, au point que plusieurs ont souhaité poursuivre de manière plus intense. Nous les avons donc admises dans la section. D’autres les ont rejointes.” Une telle création ne pouvait se faire sans plusieurs partenaires : outre l’Éducation nationale et la cité scolaire, la Ville de Vénissieux, l’USV rugby, le LOU rugby association et le comité du Rhône de rugby. Chacun apportant sa pierre à l’édifice. Sur le plan scolaire, toutes les conditions sont réunies pour leur permettre de réussir leurs études : emploi du temps aménagé, cours de soutien, suivi personnalisé…
Alors qu’elles rejoignent le banc de touche pour une pause, les filles m’expliquent d’abord les difficultés qu’elles ont dû dépasser. D’abord, les moqueries des garçons au lycée et dans le quartier. “Ils répètent toujours la même chose, affirment-elles en chœur. Du style : T’es mignonne, le rugby c’est pas pour toi. Ou alors : Les rugbywomen ne sont pas féminines. Tu vas devenir grosse.” Ou encore : “C’est un sport de garçon”. Mais elles ne se laissent pas impressionner : “Ils sont jaloux, car nous avons une section sportive pour nous. Et ça, ça les ennuie. Alors ils essaient de nous blesser. Mais maintenant, les réflexions désagréables nous passent au-dessus de la tête.”
Autres personnes à convaincre : les mamans. “Elles sont inquiètes ! Elles pensent que c’est un sport dangereux et que l’on va se faire mal. La mienne, elle dit que le rugby est réservé aux garçons. Elle n’aurait pas du tout les mêmes réactions si mes frères voulaient en faire. Elle les pousserait même. C’est ce regard qu’il faut changer.”
Quand on parle avec elles de motivations, les langues se délient. Leur discours ? Que du positif. Sans aucun doute, il y a la fierté de pratiquer un sport collectif, mais aussi de montrer qu’on peut être une fille, vivre aux Minguettes et faire du rugby. “Dans notre quartier, c’est surtout le foot qui attire. Pour la célébrité, l’argent. Le rugby, ça ne fait pas rêver !”
Deborah est en seconde ASSP (accompagnement, soins et services à la personne). Elle précise : “Je veux être infirmière. C’est un métier difficile où il faut être active. Même fatiguée, une infirmière ne doit pas flancher, comme dans un match. Nous aussi, on appartient à une équipe. On doit toutes être au même niveau et solidaires.”

Aisha est en première année de bac professionnel comptabilité : “Ce que j’aime dans le rugby ? Les plaquages ! Bien sûr, ce sport est un peu brutal mais rassurez-vous, on apprend la technique. C’est comme dans la vie : on tombe et on se relève. Nous nous entendons bien dans le groupe. Ce n’est pas une ambiance de classe. Il n’y a pas d’histoires entre nous sur le terrain. On a toutes le même objectif : gagner ! C’est devenu une passion.” Noussaouati, élève en 1re L, intervient : “J’ai déjà fait du rugby un an. C’est un sport d’équipe de combat. Ce que j’adore, c’est la compèt’.” Tout comme Norah qui “n’aime pas perdre”, Leïla a intégré Jacques-Brel pour cette section : “La compétition, ça me défoule. J’aime bien avoir la rage pour gagner”. Elle s’entraîne aussi avec les filles du LOU où d’autres devraient prochainement la suivre. “Mon but : atteindre le haut niveau. Mon rêve : faire partie de l’équipe féminine du LOU.” Leïla est aussi dans ce trip : “Nous, on n’aime pas perdre. On est là pour gagner. La pratique du rugby nous donne confiance en nous. Quand on s’entraîne, il y des gens qui s’arrêtent pour nous regarder. C’est déjà une victoire pour nous.”
Une autre Leïla pratique depuis trois ans : “L’entraînement est un peu difficile. Le lundi, on fait de la musculation au lycée pendant une heure avec M. Meissirel. Parfois c’est dur, mais dans la vie, qu’est-ce qui n’est pas difficile ? On n’a rien sans rien.”
Du banc de touche, on comprend très vite à quel point elles aiment jouer. Après l’échauffement, place à l’affrontement des équipes : les rouges contre les bleues. Le jeu est rapide, elles se plaquent, se poussent, tentent de marquer… se donnent des ordres. Elles ont la gnaque ! Et quand leur technique est reprise par les deux adultes, elles écoutent attentivement et recommencent sans pester. “Ce qui nous plaît, avoue l’une d’elles, c’est disputer un match. Mais pour y arriver, il faut passer par les tours de terrain en petite foulée et ne pas avoir peur des courbatures le lendemain !”
Sur le plan sportif, cette section a de l’ambition, consignée dans la convention passée avec la Ville de Vénissieux : amener chaque élève à atteindre son plus haut niveau de pratique en améliorant ses qualités individuelles (technique, physique et mentale) ; compter un maximum de joueuses en sélection départementale ou régionale ; participer aux championnats de France Cadettes, Excellence, Juniors, Seniors/Excellence.
Pour Mme Batailler, la proviseure, cet enseignement est d’un grand apport à la cité scolaire : “Les filles sont très présentes. J’ai un bon retour de M. Meissirel, qui mène un travail remarquable, de même que les entraîneurs. Cette section se situe dans le prolongement de l’option rugby du collège Paul-Éluard. Nous espérons aussi qu’elle contribuera à accroître la mixité sociale à Jacques-Brel.”

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