Il a beau avoir été ministre, Azouz Begag n’a pas changé. Il manie l’humour, sait parler aux jeunes et leur donne, l’air de rien, de belles leçons de vie. Azouz s’appuie sur sa propre expérience et montre qu’on peut être né de parents immigrés, analphabètes et formidables, avoir été élevé dans un bidonville et devenir lettré, auteur de 45 livres, ministre.
“Rien n’est impossible, clame-t-il. Aujourd’hui, quand on s’appelle Mohamed, Rachid, Fatima ou Fatoumata, c’est plus difficile que quand on porte un prénom chrétien. Et alors ? Soit vous pleurez et restez chez vous à regarder la télé, soit vous vous battez pour que ça change. Je suis allé depuis 20 ans dans toutes les prisons de France, invité par les bibliothécaires. Les détenus regrettent tous de ne pas avoir travaillé à l’école, ils disent tous qu’elle était une planche de salut.”
Il parle de ses déconvenues au sein du gouvernement auquel il a appartenu entre 2005 et 2007, des insultes proférées par le ministre de l’Intérieur et par celui des Collectivités territoriales, tous deux appelés à de plus hautes fonctions depuis (Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux). Devant la colère des élèves qui s’insurgent (“Faut pas se laisser faire, m’sieur”), il sourit : “La maîtrise de la langue est une arme de défense absolue. Je vous la conseille. Il faut combattre la discrimination par la connaissance, la culture. Pas avec les poings. Le coup de boule de Zidane a fait perdre son équipe. Ne succombez pas à la tentation de la violence mais utilisez le calme, la connaissance, la politesse. Ça désarme !”
Quand les collégiens lui demandent quelle carrière il préfère, la politique ou la littéraire, Azouz Begag répond : “Les deux. Il n’y a aucune raison de laisser la politique aux autres. Parmi les 577 députés à l’Assemblée nationale, aucun n’est Arabe. Pour lutter contre les tendances racistes, il faut voter, faire de la politique.”
“La société a-t-elle changé ?” questionnent encore les jeunes. “Tous les jours. Le nombre de filles voilées que je vois à Vénissieux m’impressionne. Les religions se sont invitées au centre de la société alors qu’elles sont de l’ordre du privé. Je suis contre les musulmans qui, à Paris, prient dans la rue. Mon père le faisait chez lui quand il ne trouvait pas de place à la mosquée.”
Et puisqu’il est là aussi pour parler littérature, l’écrivain avoue son attachement à “L’Odyssée” et à Homère, “un type de Saint-Priest”. Il explique l’étymologie du mot “nostalgie”, “la douleur d’avoir quitté le nid” et résume : “Ulysse, c’est l’histoire d’un gars qui veut retourner au bled.” Azouz teste même les élèves, qui lui renvoient la balle : “Ulysse est face au Cyclope. Vous le connaissez ? C’est le fils de qui ?” “Poséidon”, répondent plusieurs. À son sourire, on sent l’homme de lettres heureux.
Vous aimerez également
Actus
Vendredi soir, une réunion publique de concertation liée au projet de tramway T8 s’est tenue en salle Joliot-Curie.
Culture
Puisque les Parisiens ont leur Cirque d’hiver, les enfants vénissians du quartier de Parilly viennent de bénéficier d’ateliers d’été sous le chapiteau installé dans...
Actus
Dans le cadre de "Cultivons l'été", des centaines d’enfants et d’adultes ont parcouru le quartier Armstrong à la recherche d’un petit animal symbolique.
Actus
Le projet de modernisation de la ligne D doit permettre l'acquisition de nouvelles rames, dotées entre autres d’un système de ventilation réfrigérée.
Actus
Les chiffres de l'activité de la police municipale pour le second trimestre montrent les premiers résultats du dispositif Vizzia mis en place au mois...
Derniers commentaires