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Habib Darwiche : Le goût des autres

Les gens heureux n’auraient pas d’histoires ? Rien n’est moins sûr ! Directeur de la MAJO Parilly pendant 25 ans, Habib Darwiche, qui vient de prendre sa retraite, en est la preuve vivante.

La MAJO de Parilly était devenue la seconde maison d’Habib Darwiche

Les gens heureux n’auraient pas d’histoires ? Rien n’est moins sûr ! Directeur de la MAJO Parilly pendant 25 ans, Habib Darwiche, qui vient de prendre sa retraite, en est la preuve vivante.

Après 42 années d’engagement professionnel — dont 25 à la tête de la MAJO Parilly —, Habib Darwiche a pris, en juin, une retraite bien méritée. La fin d’un parcours atypique évoqué dans deux ouvrages, « Pour une vie et une retraite plus heureuses » (2023) et « 25 ans de bonheur », dans lesquels il « fouille le temps de son enfance », et dévoile les bases de son engagement : l’entraide, la solidarité et le lien social. Mais pas la fin de l’histoire.
Sa vie a été consacrée aux personnes isolées, aux familles en difficulté, aux jeunes et mineurs accompagnés ou non. Ses champs d’action ? Des résidences sociales ARALIS à Saint-Priest et Vénissieux, des foyers d’accueil pour jeunes en difficulté (MAJO Parilly) ou encore des établissements pour mineurs isolés étrangers.
Pour comprendre son parcours, il faut remonter à une enfance plutôt animée, au Liban, comme il le rapporte dans son livre sorti en 2023. « Mon voisinage allait constituer mon second cercle familial, à Deir-El-Qamar, la Cité-des-Emirs. J’aimais beaucoup les rencontres rituelles du matin – les Sobhiyates –, et celles de fin d’après-midi – les Aaseuniyates. Les voisins se réunissaient pour boire café et thé, fumer le narguilé, manger gâteaux et fruits et partager les infos du jour. Ce cercle participait aussi à l’éducation des enfants du quartier au même titre que les familles et parents… Même l’architecture de la maison familiale se prêtait à cet environnement solidaire, avec une maison ouverte en permanence pour accueillir ceux qui avaient besoin d’un service et d’une aide. »

« La main de Dieu »
Autre figure déterminante : sa mère Saada, une femme de foi. Elle lui raconte comment, un an avant sa naissance, la famille a survécu au tremblement de terre de 1956 qui a secoué le Liban et détruit la maison familiale. « Toute la famille a été épargnée. Ma mère me disait que la Providence divine nous avait sauvés, la main de Dieu. » Ces paroles ont profondément influencé Habib. « Je sens que quelqu’un me facilite la vie, me fait rencontrer des personnes au bon moment, m’inspire pour faire telle chose… Je dois mon existence à cette force décrite, à sa manière, par ma mère. »
Et de fait, d’improbables rencontres vont rythmer le parcours du futur directeur de résidences sociales. « En 1985, Monseigneur De Courtray, Primat des Gaules, s’était rendu dans un Liban en guerre. Je maîtrisais le français, on m’a chargé d’assurer en partie le protocole. Nos échanges ont marqué un tournant. Et un an plus tard, c’est lui qui m’a guidé pour que je trouve mes marques en débarquant à Lyon. Dans l’avion qui m’emmenait à l’aéroport de Saint-Exupéry, plongé dans la lecture du Monde, mon voisin de siège, intrigué par mon intérêt pour un article sur la guerre au Liban, me révèle être le DG de Panzani, une société dont le siège était alors situé vers le parc de la Tête d’Or. À l’atterrissage, il m’a transmis quelques adresses utiles, notamment une auberge aux prix abordables… » Des personnes rencontrées au bon moment, en effet, comme l’avait prédit sa mère.

Une carrière dédiée aux personnes en difficultés
Presque tout naturellement, Habib Darwiche va suivre sa voie, mêlant engagement social et implication politique, avec ce souci « d’être au cœur de la décision pour être au service de la population. »
Ainsi, devient-il directeur de foyers Aralis de 1996 à 1999, puis dirige la plateforme MAJO Parilly/SAMIE/ LAMNA (*) de 2000 à 2025, des établissements qui accompagnent et hébergent des publics variés : mineurs isolés, jeunes travailleurs, familles en difficulté. « Je garde surtout au fond de moi mes 25 années de direction à la MAJO de Parilly, un foyer de jeunes travailleurs fondé en 1971. Après des débuts compliqués – une fermeture du foyer avait même été envisagée en 1997 – la MAJO a dû attendre 2012 pour envisager son déménagement. C’était le seul foyer des jeunes travailleurs dans l’Est lyonnais. Me facilitant la tâche, le maire de Vénissieux, André Gerin, ainsi que son adjoint Henri Thivillier, nous ont proposés une future localisation sur la ZAC de Parilly, avec le concours d’Alliade Habitat. Après 18 mois de travaux, la MAJO ouvrait ses portes à proximité d’Emmaüs, en 2015. Nous avons construit un établissement de 120 logements conventionné APL, doté d’équipements modernes répondant aux besoins actuels des jeunes travailleurs, bénéficiant d’un accompagnement personnalisé. Nous avons surtout revu le projet éducatif et pédagogique avec l’accent mis sur la prévention dans tout lieu et envers toute personne… »
« Absorbée par la Fondation Maurice-Gounon en 2021, la MAJO est devenue ma seconde maison. J’ai de la gratitude pour les 6 000 jeunes accueillis durant 25 ans, et les 220 salariés avec lesquels j’ai travaillé. »
Peut-on vraiment parler de retraite quand Habib Darwiche se dévoile ? « Je vais continuer à travailler autrement, à transmettre. Je prévois d’enseigner solfège et théories musicales au Liban, grâce à mes diplômes obtenus à Rome en 1981, de donner des cours de piano, de promouvoir l’écriture, d’écrire des récits centrés sur les individus ou familles, de créer des clubs de lecture, de pratiquer du sport tous les matins… »
Encore de belles histoires et un livre en perspective ?

 

Habib Darwiche a dirigé durant 25 ans la MAJO de Parilly

(*) SAMIE : Service d’accompagnement des mineurs isolés étrangers
LAMNA : Lieu d’accueil des mineurs non accompagnés

 

Habib Darwiche en quelques dates

1958 : Naissance de Habib Darwiche dans le quartier Hareth Al Khandak (quartier La Tranchée)
1986-1992 : Accueil des familles libanaise arrivant à Lyon
1996 à 1999 : Directeur de résidences Aralis
2000 à 2025 : Directeur de la plateforme MAJO Parilly/SAMIE et LAMNA
2005 : Création du Samie
2019 : 1er service d’hébergement collectif LAMNA (14 appartements à Vénissieux, Vaulx et Grigny
2020 : Création de la plateforme MNA (mineurs non accompagnés)
2025 : Départ à la retraite

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