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Culture

Flavia Coelho, le 13 juillet aux Fêtes escales : « Dire les choses qui ne vont pas est parfois compliqué »

L’artiste brésilienne nous a gentiment reçus avant de monter en scène. Enjouée et chaleureuse, à l’image de sa musique.

Photo Emmanuel Foudrot

– On vient de vous voir aux Nuits de Fourvière, grand festival payant, et là, vous êtes à l’affiche des Fêtes escales, autre grand festival mais gratuit celui-là. C’est important, pour vous, de vous produire dans l’un et l’autre ?
Flavia Coelho : Je suis une musicienne, une artiste au service de la musique et du public. Toutes les scènes sont les bienvenues. Il n’y a aucune différence entre les places payantes ou pas, même si c’est mieux pour les spectateurs quand c’est gratuit. J’apprécie énormément les Nuits de Fourvière. Je suis toujours bien accueillie ici, dans la région.

– Dans vos interviews, vous dites que vous êtes née à Rio de Janeiro et vous précisez toujours que vos parents sont du Nordeste. Vos racines sont importantes ?
FC : Oui, je l’ai ressenti très jeune. J’ai été stigmatisée par l’origine du Nordeste de mes parents qui n’avaient pas la même manière de parler qu’à Rio ni la même cuisine. C’était bien d’aller contre la culture ambiante. C’était ma contre-culture, qui est devenue mon point de départ.

– Vous avez déclaré que la seule issue du Brésil était la culture…
F.C. : C’est vrai. Il existe bien sûr d’autres choses importantes. Ainsi, pendant le confinement, le personnel de santé a prouvé qu’il était essentiel. La culture a sauvé beaucoup de vies, les gens en ont besoin. Depuis le temps de la Grèce et des Jeux olympiques, la littérature, la lecture… La culture apporte un apaisement, une compréhension de l’autre sans forcément se poser de questions.

– L’Amérique et l’Europe ont découvert la musique brésilienne grâce à Stan Getz, qui a travaillé avec Antonio Carlos Jobim, João Gilberto, Miucha, etc. C’était un mélange de jazz, de musique contemporaine brésilienne et de musiques traditionnelles. Comment vous situez-vous dans ce courant de la bossa nova ?
F.C. : La bossa nova m’a beaucoup influencée. D’ailleurs, mon premier album s’intitulait Bossa muffin. Cette musique-là date de la fin des années cinquante et le début des soixante et elle a donné au monde entier une image de la musique brésilienne. Je n’ai pas vécu cette période et j’ai écouté des styles musicaux variés. J’ai voulu mes premiers disques à mon image, avec ce que j’écoutais. La bossa et ses enchaînements harmoniques sont toujours dans ma vie. Même si je vais parfois à l’opposé de la bossa, qui est plus calme et tranquille que mes propres chansons.

– Lesquelles sont aussi très politiques comme le furent celles de Gilberto Gil dans les années soixante-dix.
F.C. : Je me sens proche de Gilberto. Il a été le premier artiste brésilien à visiter le continent africain et à faire des collaborations avec des artistes internationaux. Et personne ne pose des questions sur son style musical. Mon école est proche de Gilberto Gil, y compris sur l’aspect social.

– Votre album DNA était très politique, très anti-Bolsonaro ?
F.C. : J’ai toujours écrit en rapport avec l’histoire de ma vie. J’ai passé 26 ans dans ce pays, dont je voyais la précarité. J’ai toujours parlé mais mon discours n’était pas très frontal. C’était la période du tropicalisme et nous n’avions pas le droit d’écrire certaines choses. Quand Bolsonaro est arrivé, je suis devenue plus frontale. Cela n’a pas été très facile d’écrire DNA. Dire les choses qui ne vont pas est parfois compliqué. J’ai eu des répercussions par la suite, avec des gens qui n’étaient pas contents. Mais je devais dire les choses à ce moment-là ! Je pense aux peintres qui peignaient les conflits pour la postérité. Je me devais d’écrire ces chansons pour la postérité.

Ginga, votre nouvel album, parle des femmes ?
F.C. : J’ai toujours parlé des femmes dans mes albums mais comme cela avait été dur d’écrire DNA, je cherchais plus de légèreté. Je me suis tournée vers mon adolescence, cette période où l’on se transforme. C’est à 14 ans que j’ai décidé de devenir chanteuse. Et cela fait trente ans que je suis dans la musique.

– Parlez-nous de vos liens avec Montréal.
F.C. : Cela fait quelques années que je fréquente le Québec, dont j’aime la manière de vivre et les gens, très accueillants. Ils ont un festival qui s’appelle Nuits d’Afrique — Flavia vient d’en lancer, il y a quelques jours, la 39e édition, NDLR — mais cette musique reste nouvelle pour eux. J’ai rencontré un DJ québécois, Poirier, qui m’a proposé Café com leite et ça a fait un carton.

– Aviez-vous entendu parler de Vénissieux avant de venir ?
F.C. : Non, je connaissais Villeurbanne pour mon premier album, en 2011-12. C’est devenu une ville culturelle, avec de l’entertainment. Je crois aux villes et à ceux qui essaient de les améliorer. Un festival comme Fêtes escales en est la preuve. Je viens d’un pays où croire et agir vont ensemble. Nous devons croire en l’avenir et y travailler.

Photo Emmanuel Foudrot

 

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