Connectez-vous avec nous

Bonjour, que cherchez-vous ?

Actus

Gaz hilarant : peur sur les incinérateurs

L’explosion récurrente de bonbonnes de protoxyde d’azote cause d’importants dégâts matériels et financiers dans les usines de traitement des déchets comme l’UTVE Lyon Sud… Et met en danger ses opérateurs.

Plus les bonbonnes sont grosses, plus les dégâts peuvent être importants.

Le protoxyde d’azote, prévu entre autres pour préparer de la crème chantilly, est surnommé « gaz hilarant » lorsqu’il est consommé comme stupéfiant. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce produit ne fait pas rire les professionnels du traitement des ordures ménagères.

Comme le rappelle la Métropole de Lyon dans un communiqué, ces bonbonnes de N2O ne causent pas seulement des dégâts dans le cerveau de ceux qui inhalent le contenu de ses cartouches à l’aide de ballons de baudruche. Lorsqu’elles se retrouvent mêlées aux déchets ménagers dans les poubelles grises, elles finissent par exploser dans les fours d’incinération de déchets non dangereux. Depuis début 2025, quatre arrêts techniques sont à déplorer au sein de l’Unité de traitement et de valorisation énergétique (UTVE) Lyon Sud. Les dégâts peuvent être considérables. Car la taille des objets incriminés peut être démesurée. Depuis une poignée années, des industriels mettent sur le marché des bonbonnes parfois aussi grosses que des extincteurs.

« Les fours ne résistent pas aux explosions de ces bonbonnes qui atteignent parfois 5 kg, explique la collectivité, qui gère cette usine d’incinération située à Lyon 7e. Pour chaque incident, 3 à 5 jours d’arrêt de fours sont nécessaires. » Ces incidents ont un coût : ils entraînent à chaque fois entre 100 000 et 150 000 euros de frais de réparation. Dans certains cas, le béton réfractaire est même endommagé.

Difficile de prévenir ces incidents : une fois que ces bonbonnes se retrouvent dans la grande benne, les opérateurs ne sont plus en mesure d’effectuer le moindre tri. L’intégralité du contenu est déversée dans la fosse. Soumis à des températures dépassant les 1 000 °C, le gaz résiduel se dilate dans la bouteille, monte en pression et éclate en propulsant des fragments à grande vitesse. Parfois, l’explosion peut aller jusqu’à générer une boule de feu à l’intérieur du four.

Gros risques pour les opérateurs

Ces explosions mettent en danger les agents travaillant à proximité des fours, en raison du souffle qu’induit l’explosion et du risque d’éclatement des hublots par lesquels l’incinération est surveillée. « L’effet de souffle peut entraîner des lésions importantes chez les opérateurs, comme des contusions ou ruptures des tympans, des lésions du pharynx et des organes creux abdominaux ou des contusions pulmonaires », mentionne un rapport du Syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets urbains (SVDU).

« Les bonbonnes ne doivent être en aucun cas jetées dans les bacs à ordures ménagères ou dans les bacs de tri mais déposés à la déchèterie, rappelle la Métropole, qui déplore par ailleurs les signalements d’intoxications liés à l’usage de gaz hilarant, en forte hausse depuis 5 ans.

À Vénissieux, ces dernières années, le coût de la gestion de ces bonbonnes que l’on retrouve quotidiennement sur la voie publique, sur la voirie, dans des dépôts sauvages ou des corbeilles, est compris entre 10 000 et 60 000 euros. Les agents de la Ville en avaient collecté 4 tonnes en 2022. Ce chiffre a doublé en l’espace de deux ans : 8 tonnes ont été récupérées en 2024.

La vente de « proto » aux mineurs est interdite depuis 2021. S’en procurer reste pourtant un jeu d’enfants, que ce soit en grande surface ou sur Internet. Idir Boumertit, député LFI de la 14e circonscription, est à l’origine d’une nouvelle proposition de loi, adoptée en première lecture le 29 janvier 2025 par l’Assemblée nationale, puis par le Sénat le 6 mars. Le texte vise à en restreindre la vente aux seuls professionnels et à renforcer les actions de prévention.

Cliquer pour commenter

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez également

Actus

Le texte présenté par le député de la 14ᵉ circonscription du Rhône a été adopté à une très large majorité.

Actus

Soutenu par une centaine de députés d'horizons différents, le texte pourrait être débattu à l'Assemblée dès janvier.

Actus

Une conférence était organisée ce lundi à la maison des fêtes et des familles pour alerter sur les dangers du protoxyde d'azote.

Actus

L’usage dérivé du protoxyde d’azote se développe. Ville et associations alertent contre les dangers de cette drogue.