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Football : comment mettre la violence hors-jeu ?

Un joueur de l’US Vénissieux vient d’être condamné à 30 ans de suspension après avoir agressé un arbitre, tandis que l’AS Minguettes a écopé d’un match perdu après une bagarre opposant des joueurs et des supporters adverses. Il est urgent d’enrayer la violence dans le football. Mais comment ?

Les équipes seniors de l’USV et de l’ASM se souviendront longtemps de la saison 2016-2017. L’USV a été mise hors championnat d’Excellence de district, et condamnée à évoluer à l’étage inférieur en septembre prochain. L’un de ses attaquants avait agressé un arbitre, le 18 mars dernier à Belleroche, alors que son équipe était menée 5-0. Il a été suspendu pour… trente ans.
Une semaine plus tard, le 26 mars, c’est l’ASM qui était impliquée dans une bagarre entre ses joueurs et des supporters du FC Chaponnay-Marennes, alors qu’elle menait 1 à 0. Une rixe déclenchée par “des insultes à caractère raciste”, selon Lyon Capitale, à l’encontre d’un joueur vénissian expulsé sur carton rouge. En septembre 2016, l’ASM avait été exclue de la coupe de France pour des jets de pierre venant des supporteurs vénissians lors d’un match contre le FC Lyon…

Des réactions à la hauteur

Quelle a été la réaction des dirigeants des deux clubs vénissians après ces événements ? «”Notre club condamne fermement cette atteinte à l’intégrité physique de l’arbitre, déclare sans équivoque le président de l’USV, Jean-Pierre Chaix. Cet acte isolé est inadmissible. Notre joueur coupable de cet acte violent a été immédiatement exclu de notre entité. L’US Vénissieux football présente ses excuses à l’ensemble des acteurs de notre merveilleux sport, officiels, dirigeants, éducateurs, joueurs et bénévoles, ainsi qu’aux parents et supporteurs. Les sanctions prises par les instances sont lourdes et justifiées. L’USV prend acte de la sanction collective qui lui est infligée et assume sa responsabilité en ne la contestant pas.”

Du côté de l’ASM, même déclaration d’intention des membres du bureau : “Le club prend acte de la décision de la commission de discipline de la Ligue Auvergne Rhône-Alpes (match perdu pour les deux équipes). La décision nous semble juste et conforme aux évènements. L’AS Minguettes Vénissieux assumera les conséquences du comportement de ses joueurs, même si elles sont défavorables au maintien de l’équipe en PHR. Elle continuera à défendre les valeurs fondamentales du respect. Nous condamnons le comportement de certains de nos joueurs mais nous condamnons avec la même fermeté le comportement de certains « pseudos » supporters de Chaponnay-Marennes.”

Violence de plus en plus précoce

“Sur l’année en cours, alors que le nombre de cartons rouges pour faits de jeu a diminué (une soixantaine de moins à ce jour par rapport à l’an passé), on atteint déjà les 45 auditions de la commission qui se réunit après des actes de violence, soit dix de plus que l’an dernier, s’inquiète analyse Henri Pilloud, président de la commission de discipline de la ligue Rhône-Alpes. Ce sont de plus en plus les jeunes qui en sont les acteurs. Ainsi, à Seyssinet lors d’un match entre U19, un arbitre bénévole a été roué de coups. Idem à Grenoble dans la même catégorie. Là, c’est un officiel qui a été agressé. Même l’OL est touché. En U15, un joueur a été suspendu de six à dix matches pour propos vulgaires.”

Des arbitres pas assez psychologues ?

“Il arrive que les arbitres eux-mêmes ne soient pas exempts de tout reproche, confie un délégué de match. Au lieu de faire preuve de compréhension sur un juron lâché à chaud, sur des fautes involontaires, certains arbitres en rajoutent, attribuant des cartons jaunes voire rouges lorsqu’un simple avertissement verbal aurait suffi. D’où des matches qui dégénèrent pour rien. Il faudrait leur apprendre à être plus préventifs, plus psychologues. Étonnamment, ce sont certains référés ayant de la bouteille qui sont concernés. ”

Comment enrayer ce climat de violence ? Par une sévérité accrue des commissions de discipline ? Par des expérimentations telle que le « carton blanc » qui permet une exclusion temporaire d’un joueur, comme au rugby ou au hockey ? Par la suppression des classements dans les catégories poussins et benjamins pour diminuer l’enjeu des rencontres ? Par des formations de sensibilisation aux acteurs du foot ? Par un tri des supporteurs ? De nombreuses pistes, et un vaste débat…

 

Et au niveau national ?

“À l’échelle nationale, lors de la saison 2015-2016, sur un total de près de 800 000 matchs de football amateur étudiés, 10 977 ont été marqués par des violences verbales ou physiques”, selon une note l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (Ondrp), reprise par l’Amicale française des arbitres de football. Dans 41 % des cas, l’arbitre en était la victime. Ces coups ou ces insultes sont plus fréquents lors des matches opposant de jeunes joueurs. Dans neuf cas sur dix, les joueurs sont à l’origine de ces violences, et dans plus de la moitié des cas, elles sont dirigées vers un autre footballeur. Sur la pelouse, la petite provocation verbale peut vite dégénérer en coups. Les agressions physiques représentent la moitié des incidents recensés. La proportion grimpe en flèche chez les joueurs âgés entre 17 et 18 ans. Sur 629 agressions physiques commises lors d’une rencontre entre équipes de U18 ou U19 lors de la saison 2015/2016, 501 étaient des coups ou des brutalités.

Plus l’enjeu sportif est important, plus il y a de tensions. Et de violence. En fin de saison, aux mois de mars-avril, alors que se joue la montée ou la descente du club, les incidents augmentent. Pour exemple, en avril 2016, 1 500 cas ont été signalés contre “seulement” 686 en janvier 2015, à la mi-saison.Face à la recrudescence des insultes racistes et antisémites et autres violences, la commission de discipline de la Fédération française de football a décidé de prendre des mesures. À l’initiative de Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, les sanctions ont été assorties d’une mesure inédite. Deux équipes du Rhône qui ont été au cœur d’une bagarre générale en octobre 2015 (La Trinité et Denicé) avaient accepté de se rendre, ensemble, au mémorial du Camp des Milles pour y suivre une visite et participer à un atelier. Objectif : comprendre, à travers l’histoire de ce site, les conséquences d’engrenages racistes et antisémites. “Le district du Rhône a jugé qu’il fallait accompagner la sanction d’une réflexion pédagogique, expliquait alors Pascal Parent, président de cette section de la FFF. Par tous les moyens, on essaie d’apporter des bouts de solution tout en sachant pertinemment qu’il s’agit d’un travail de longue haleine.”

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