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Nouara Naghouche, ce vendredi, au Théâtre de Vénissieux

Comique n’est pas le premier adjectif qui vient en tête à la vision de « Sacrifices », le spectacle de Nouara Naghouche. Pourtant on rit, plusieurs fois même, mais les portraits sont gravés à la pointe sèche.

Comique n’est pas le premier adjectif qui vient en tête à la vision de « Sacrifices », le spectacle de Nouara Naghouche. Pourtant on rit, plusieurs fois même, mais les portraits sont gravés à la pointe sèche, les sujets abordés sont suffisamment sérieux et douloureux, dits avec tellement de force qu’on ne sait plus très bien.
D’ordinaire, l’humour se teinte de tendresse le temps d’un sketch ou plus (par exemple chez Jamel Debbouze). Ici, et c’est là le talent de Nouara et de son coauteur et metteur en scène Pierre Guillois, c’est la violence du propos qui se teinte d’humour : quand la femme décrite se fait battre par son mari, quand elle est enfermée chez elle par un barbu, quand le gamin s’enfuit parce que son père, qui ne veut pas lui payer une paire de chaussures, lui a dit qu’il n’avait qu’à les voler. Bien sûr, tout n’est pas tragique, encore que. Nouara s’amuse à forcer l’accent de l’est (elle a vécu à Colmar et Belfort) mais les personnages qu’elle brosse, tous issus de « son quartier », sont la plupart du temps terribles, victimes de drames, de pauvreté, d’oubli. Que ce soit le raciste ordinaire, le bas-de-plafond, la snob, la gamine maghrébine accusée à tort de vol, la séquestrée qui écoute radio Nostalgie, la tapée, elle les tire de l’oubli où on les laisse. Ils prennent vie devant nous et souvent, au détour d’un rire, Nouara nous cueille délicatement : ainsi quand elle lit la lettre de son père. C’est terriblement émouvant, dur et il y a malgré tout du respect.
C’est comme si la comédienne mettait sa cité en quartiers, l’implosait en en montrant les tours et les détours, ne laissait pratiquement rien dans l’ombre. Son spectacle est fort, détonnant, décapant, descriptif de réalités que les médias traitent plus comme des faits de société que comme des drames humains. On le voudrait parfois plus dosé entre le rire et le grincement de dents, moins douloureux à entendre, histoire de le rendre davantage politiquement correct. Ce qui serait dommage. Non, Nouara, laissez-le tel quel. Et si cette société ne change pas aussi vite qu’on l’espère, au moins vous aurez témoigné.

« Sacrifices » au Théâtre de Vénissieux le 21 décembre à 20 heures. Tarifs : de 8 à 18 euros. Réservations : 04 72 90 86 68.

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