
Une bonne cinquantaine d’habitants avait fait le déplacement – Photo Alain Seveyrat
La formule est désormais bien rodée. Après avoir assisté à une présentation de l’actualité du quartier, les habitants se réunissent par groupes de huit à dix personnes. Sous la direction d’un agent de la Ville, ils échangent pendant une heure sur les deux thèmes choisis. Cette année, ce sera jeunesse et santé.
Au fond de la salle, la discussion à laquelle nous assistons est presque feutrée. Sous la direction de Sophie Bidault-Vouilloz, responsable du pôle 3e âge au CCAS, on se souvient des bons moments passés par les enfants dans les colonies de vacances, les classes vertes ou les centres aérés. On évoque pêle-mêle l’école de musique, la natation, le basket ou la boxe. Manière de dire que les jeunes ne peuvent pas s’ennuyer à Vénissieux. Ou pas trop.
« Je suis allée longtemps à la MJC, qui a disparu, et je trouve cela bien dommage, tempère Arlette Cavillon, présidente du Mouvement pour la paix. Une fois que les jeunes ne sont plus concernés par les EPJ (Équipements polyvalents jeunesse), ils tournent un peu en rond. Il manque un lieu où ils pourraient venir de manière informelle plutôt que de traîner en bas des tours. » Autour de la table, on met cependant en avant une offre culturelle abondante, avec notamment le cinéma, Bizarre!, les Fêtes Escales, la médiathèque et les bibliothèques de quartier. « Je ne me retrouve pas dans le programme du théâtre, il y a trop de rap », relativise toutefois une retraitée.
Les participants, s’ils reconnaissent l’importance de l’offre sportive locale — 70 associations sportives dont 40 subventionnées, rappelle Sophie Bidault-Vouilloz —, pointent toutefois un défaut de communication qui n’aide pas les jeunes sportifs à trouver chaussure à leur pied. « À la rentrée, il faudrait une journée du sport avec des démonstrations et la présence d’un maximum de clubs », propose un professeur à la retraite nouvellement installé dans la commune. Tout autour, on acquiesce et on demande aussi une salle de sport pour le haut niveau, un événement annuel avec un sportif connu et, appuie Patrick Prade, ancien président de l’OMS, « une véritable réflexion sur les sports émergents ».
Santé mentale : sus aux écrans
La première demi-heure écoulée, vient alors le thème de la santé. Sans surprise, les retraités dénoncent « un accès aux soins de plus en plus difficile », « un hôpital en danger » et « un déficit de personnel soignant ». « Je n’ai toujours pas trouvé de médecin référent », regrette un participant. Mais si tous relèvent que le problème est national, pour ne pas dire planétaire, on s’interroge sur le « défaut d’attractivité de la ville », les « coûts d’installation pour les soignants, libéraux pour la plupart », ou encore « l’influence de certains faits divers ». Il y a là des pistes à creuser, insiste une participante.
Mais quid de la santé mentale ? C’est une docteure en sociologie qui résume la situation, pointant une charge mentale accrue, notamment chez les femmes, à cause des écrans et des nouvelles technologies. « Je travaille neuf heures par jour et je n’ai pas le temps de m’occuper de mes enfants, déplore-t-elle. Mais même quand je rentre chez moi, mon patron peut encore m’envoyer des messages pour me soumettre des problèmes à régler. Si je ne réponds pas, je devrai le faire le lendemain. Alors je réponds. » Certes, comme le souligne l’ancien professeur, « on ne reviendra pas en arrière ». Mais, rappelle la scientifique, « il faudrait pour tous un temps pour la vie privée, un temps pour le travail et un temps pour la famille, si l’on veut vraiment préserver la santé mentale de chacune et de chacun ».
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