Aménie (6 ans) et Wassim (9 ans) ont récemment eu droit à leur première séance sous l’œil expert de Djamel Bezriche
Il y a de l’animation, dans le gymnase du Centre. Pendant que Djamel Bezriche assure un des cours hebdomadaires de karaté, Lydie gère les inscriptions à quelques mètres des tatamis, et Jean-Claude, à l’étage, se charge de la distribution des tenues.
Lancé début septembre, le programme « Un kimono pour tous » a déjà séduit une quinzaine de novices. Ces tout nouveaux karaté kids ont reçu leur kit complet : un kimono, une ceinture blanche, et « Le livre du karatéka » qui met notamment l’accent sur les valeurs éducatives. Ce prêt est valable pour l’ensemble de la saison, il est juste accompagné d’un formulaire à remplir.
À première vue, on pourrait penser que ce projet émane de la fédération française de karaté (FFKAMA), dans une logique de recrutement de nouveaux licenciés. « Il n’en est rien, corrige Ghislaine Barbin, présidente du club situé à proximité du Théâtre de Vénissieux. C’est une initiative qui nous est propre. Nous avons sollicité la collectivité locale, le FDVA (fonds de soutien aux associations) ainsi que des équipementiers partenaires du Sen No Sen (AMV et Mizuno). Grâce à cela, nous avons pu acheter un lot d’une centaine de kimonos à prix réduits, et avec l’aide de Lucile Lemor, créer un livret de 20 de pages qui aborde les bases du karaté : comment enfiler son kimono, nouer sa ceinture, apprendre les premiers katas, et même s’amuser avec du coloriage… »
Première séance
Descendus dans le dojo après avoir récupéré les tenues à l’étage, Aménie (6 ans) et Wassim (9 ans) ont droit à leur première séance. Djamel Bezriche leur montre le rituel de base à adopter : saluer en inclinant la tête, écouter les consignes de l’enseignant… Aménie surprend déjà par son attitude et sa gestuelle : pieds bien ancrés au sol, épaules détendues, tête et dos bien droits. Son « Zenkutsu Dachi » est parfait : poids du corps sur l’avant, jambe arrière tendue, talon collé au sol, le dessus du poing fermé (seiken)… Visiblement, elle semble déjà maîtriser les fondamentaux. Sa maman confirme qu’ « Aménie a un fort potentiel (HPI), quand elle se concentre sur des tâches à réaliser, elle le fait bien. Par contre, parfois, elle est sujette à des troubles du déficit de l’attention. »
Wassim quant à lui respire une totale décontraction. Il est d’un calme olympien pendant que l’enseignant répète les mouvements à exécuter. « Je suis venu l’inscrire en même temps que son frère Yanis (13 ans), explique son père. Nous ne savions pas qu’il y avait un prêt de kimono, c’est une excellente initiative. Mes enfants ont goûté, souvent grâce à l’école, à l’escalade, au tennis et même au judo à l’ALVP avec François Marie-Claire. Le karaté est une découverte, le prix raisonnable d’une licence (quelque 150 euros) et le prêt de la tenue sont appréciables, à eux de se faire plaisir. »
Déjà labellisé École de sport par la ville de Vénissieux, le Sen No Sen a l’intention de renforcer ses efforts sur les enfants, dès 6 ans. « Nous apportons une aide précieuse aux 6-13 ans, d’autant plus que le ministère des Sports n’accorde le Pass’ Sport qu’aux enfants de 14 à 18 ans. »
Le Pass’ Sport en modèle réduit pour les plus jeunes
Mis en place en 2021 pour encourager la pratique sportive des jeunes, le Pass’ Sport, dispositif déployé par le ministère des Sports en fonction de critères précis, touchait jusqu’alors plus d’un million de jeunes de 6 à 17 ans. Mais des modifications sensibles ont été apportées*. À partir de cette année sportive glissante, le Pass’Sport ne concernera plus que les jeunes de 14 à 17 ans. Selon le ministère, « il sera davantage ciblé sur les jeunes qui ont atteint l’âge où la pratique sportive diminue généralement. Dans le même temps, le niveau de l’aide est revalorisé, passant de 50 à 70 euros par enfant. »
Nouvelles dispositions qui privent les 6-13 ans de cette aide forfaitaire. Certains clubs sportifs vénissians, partenaires du dispositif, ont déjà observé des changements notables. Fabrice Verbrugghe, responsable sportif du CMO-V Natation, rapporte ce chiffre : » L’an dernier, 450 Pass’ Sport ont été délivrés à nos 6-17 ans. Aujourd’hui, fin septembre, seuls 15 jeunes de 14 à 17 ans en ont bénéficié. L’annonce de ces restrictions a été faite de manière assez tardive, il faudra attendre l’année prochaine pour voir les répercussions de ce changement. »
À Vénissieux Boxe Française, Rafik Chergui, Gant d’Or du club depuis 2019, indique que « la saison dernière, 250 jeunes sur nos 357 licenciés avaient reçu l’aide, mais ce chiffre a dégringolé à une cinquantaine à ce jour. »
Certains dirigeants de clubs pensent que ces modifications visent avant tout à réduire les dépenses publiques. Interrogé par mail, le ministère des Sports dit « comprendre que ce changement puisse être difficile, notamment pour les familles qui en bénéficiaient jusqu’ici », avant de renvoyer aux « aides qui peuvent être proposées par différentes institutions : mairie, centre communal d’action sociale, CAF, conseil régional… ».
* Les seules catégories aidées sont désormais : les jeunes de 14 à 17 ans bénéficiaires de l’Allocation de rentrée scolaire (ARS), les jeunes en situation de handicap de 6 à 19 ans bénéficiaires de l’Allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), les personnes de 16 à 30 ans bénéficiaires de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH), et les étudiants boursiers de moins de 28 ans bénéficiaires d’une bourse obtenue avant le 15 octobre.
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