Corentin (19 ans) a suivi son instinct pour sauver ses voisins en attendant l’intervention des pompiers
« Tous les héros ne portent pas de cape ». Cette citation issue de la culture populaire s’applique parfaitement à Corentin. Vendredi 14 août, ce garçon de 19 ans a su trouver le courage et adopter les bons réflexes pour mettre une quinzaine de personnes hors de danger. Il apprendra quelques minutes plus tard qu’il a sans doute sauvé la vie de certains d’entre eux.
Il est environ 13h30 lorsque, de son appartement du 6e étage, il entend retentir la sonnerie d’une alarme incendie. « Avec mon voisin, on voit une fumée noire et épaisse et de grosses flammes sortir d’un des deux appartements du 5e. » Dès le départ de feu, l’occupant du logement sinistré déguerpit sans avertir quiconque.
La réaction de Corentin est tout autre. Aussitôt, il donne l’alerte, ordonne à sa famille de descendre dans la cour et tambourine aux portes pour faire évacuer l’immeuble. Dans le même temps, une femme compose le 18. Féru de football et de musculation, l’étudiant dispose des aptitudes pour gérer la situation. Au risque d’être incommodé par la fumée, il multiplie les allées et venues dans les étages pour être sûr de n’oublier personne.
Des bonbonnes de gaz prêtes à exploser
« J’ai du remonter six ou sept fois, se souvient-il. J’ai vraiment agi par instinct, sans penser aux conséquences pour ma sécurité. Mais il fallait sauver tout le monde. Personne ne mérite de mourir. J’ai eu l’impression que tout a duré entre 2 et 5 minutes. En réalité, les pompiers sont arrivés en 15-20 minutes. »
Lors de leur intervention, les soldats du feu découvrent l’origine de l’incendie : une trottinette électrique, rangée sur le balcon, à côté de cinq grosses bonbonnes de gaz. « On est passé à 5 minutes de la catastrophe. Les bonbonnes étaient déformées et proches de l’explosion. Trois étages auraient pu être détruits. »
L’incident passé, le calme est vite revenu dans cette paisible résidence. « Je n’arrive pas trop à réaliser ce qui s’est passé, malgré tous ces messages de félicitations que je reçois sur Instagram, confie le jeune homme. Mais je suis bien redescendu. Je n’en fais pas des cauchemars la nuit. Tout le monde s’en est sorti, il n’y a aucun blessé à déplorer donc je ne vais pas broyer du noir. »
Des zones d’ombre autour de cet appartement squatté
Des bonbonnes de gaz étaient entreposées sur le balcon et dans le salon de cet appartement squatté
Selon le voisinage, l’appartement d’où est parti le feu était occupé illégalement depuis près d’un an. Un couple en situation irrégulière sur le territoire français et leurs trois enfants squattaient ce logement, dont le loyer était pourtant réglé en temps et en heure. « Le locataire officiel vit ailleurs depuis très longtemps, raconte-t-on. L’homme était menaçant lorsque les résidents étaient regroupés en bas. Il est convoqué au commissariat alors nous attendons la suite. »
Le parquet de Lyon a décidé d’ouvrir une enquête. « Il s’agit de déterminer les circonstances de cet incendie et de la situation des occupants », indique la Direction interdépartementale de la Police nationale du Rhône.
« Le locataire n’a déclaré la violation de son domicile que le 31 juillet dernier, explique Alliade Habitat, propriétaire et gestionnaire de cette résidence. Nous avons pris les mesures nécessaires au regard de cette déclaration. Des résidents nous avaient signalé une occupation illégale mais nous n’avions pas la possibilité d’ouvrir de dossier. Le locataire était en règle et se rendait régulièrement dans son logement. Concernant les bonbonnes de gaz, nous rappelons qu’il est formellement interdit d’en posséder. Nous informons régulièrement nos locataires des risques. »
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