

Si la vie de Rémi Malsoute démarre à Brive-la-Gaillarde, dans le Sud-Ouest, il va ensuite déménager à Cannes puis à Marseille, où il grandit. « J’ai habité Aix-en-Provence un temps avant d’arriver à Lyon en 2017. J’ai suivi des études d’histoire avec, pour intérêt principal, le lien entre cette matière et le cinéma. »
Et, comme pour tout cinéphile, il évoque le film à l’origine de ses « deux vocations principales ». « Ce fut Gladiator, que j’ai vu avant l’âge autorisé. Grâce à la réalisation de Ridley Scott, c’est un film qui accroche, malgré ses inexactitudes historiques. Son aspect spectaculaire a eu l’intérêt de relancer le genre et m’a donné l’envie de m’intéresser tout à la fois à l’histoire et au cinéma. J’ai toujours cherché à imbriquer ces deux sujets. »
Comme, selon ses propres termes, il n’était pas « en adéquation avec la rigueur des historiens », Rémi tente de se lancer dans l’aventure cinématographique après l’arrêt de ses études historiques. « À Lyon, j’ai intégré la licence des arts du spectacle. J’ai fait deux années de master. Mon premier mémoire s’axait sur la reddition d’Alésia au cinéma et à la télévision. J’ai décortiqué les séquences de films tels que Jules César, conquérant de la Gaule d’Amerigo Anton ou Vercingétorix avec Christophe Lambert. J’ai mêlé ce que j’avais appris sur la méthodologie historique avec l’analyse d’images et la théorie du cinéma. »
Pour son deuxième mémoire, Rémi s’intéresse à « la figure d’Attila au cinéma et à la télévision ». « J’ai eu accès à la première réalisation de René Clément, César chez les Gaulois, un film d’animation de 1932. Le CNC — NDA : le Centre national du cinéma et de l’image animée — m’a confié un travail de restauration. Très humoristique et rempli d’anachronismes, ce dessin animé ne peut qu’évoquer les premières cases d’Astérix, qui naîtra beaucoup plus tard. »
D’Attila à Un poing c’est court
Pour mener à bien son étude sur Attila, Rémi contacte les spécialistes Claude Aziza et Hervé Dumont, l’auteur de la monumentale Antiquité au cinéma. « J’ai même trouvé trois films qu’il n’avait pas listés. J’étais plutôt destiné à ces recherches et je voulais présenter une thèse sur la figure du barbare asiatique ou nomade dans le cinéma des années cinquante et soixante. Mais je n’ai pu la financer et, dans le même temps, j’ai été sollicité pour une mission au festival du film court francophone de Vaulx-en-Velin, Un poing c’est court. J’étais en service civique, chargé des actions pédagogiques. »
Il avoue s’être éloigné de la recherche mais être toujours intéressé par elle. Avec, en tête, un « projet-phare sur la représentation audiovisuelle des figures historiques de l’identité nationale. Chaque peuple en a une. Nous avons Vercingétorix mais il y a aussi Zénobie, Arminius, Boadicée, etc. ». Un sujet malheureusement mis en stand-by pour l’instant.
« J’ai ensuite été, pour l’édition suivante d’Un poing c’est court, coordinateur du festival, le seul salarié au sein de l’association. Puis j’ai postulé à l’offre de médiateur jeune public au cinéma Gérard-Philipe. Elle m’a intéressé parce que je ne suis pas de Lyon et j’ai toujours entendu dire que trois quartiers craignaient dans la métropole : La Duchère, le Mas du Taureau à Vaulx et les Minguettes à Vénissieux. Comme j’avais été assistant d’éducation à La Duchère et que j’avais travaillé pour le festival de Vaulx, Vénissieux m’a tout de suite attiré. Ce sont des territoires où le travail sur les problématiques d’accès à la culture est le plus intéressant. On trouve ici énormément de demandes et de capacités. La population a autant à apprendre de nous, qui travaillons dans le milieu culturel, que nous avons à apprendre d’elle. »
Les grandes manœuvres du cinéma Gérard-Philipe
Rémi arrive au cinéma Gérard-Philipe le 1er août 2023 pour s’occuper du jeune public et s’entend tout de suite avec l’équipe et la directrice, Marine Sans. Ensemble, ils initient des séances ponctuelles avec des intervenants : « Un chocolatier pour Charlie et la chocolaterie, un agriculteur, un sapeur-pompier… Nous avons créé aussi le Ciné-Frissons avec des films de genre. En 2023, le cinéma obtient le label 15-25 ans, ce qui en fait trois avec Jeune public et Patrimoine. Cela nous a permis de lancer des initiatives et des partenariats avec l’IEAJA — L’Institut de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte — et la Mission locale. Et de créer, l’an dernier, le groupe des Ambassadeurs 15-25. »
Après le départ de Marine, Rémi est nommé directeur le 1er septembre 2025. Et, déjà, les envies se bousculent dans sa tête.
Il tient ainsi beaucoup à proposer des versions originales sous-titrées, « au moins une séance pour les films américains » parce que, s’est-il rendu compte, « on a un petit public pour la v.o. ». « Et, ajoute-t-il, le jeudi, on présente des films en français sous-titrés français. » Il évoque aussi les films sous-titrés en tamoul, dans la sélection Ciné-Inde, qui fonctionnent très bien.
Avec la crise nationale que connaît l’exploitation cinématographique, le nouveau directeur sait qu’il faut aller chercher le public et multiplier l’offre. Pour cela, il voudrait solliciter encore plus les structures relais, pour une programmation qui s’adresse à toutes et tous. Poursuivre le travail déjà très important avec les scolaires et le jeune public et renforcer le lien entre le public et une œuvre. « Permettre la réflexion sur certains sujets » est, pour lui, très important ainsi qu’« initier de nouvelles choses et se renouveler ».
« Le cinéma, affirme-t-il, reste une expérience humaine qui s’oppose à la pratique individuelle. » À l’heure où chacun garde les yeux fixés sur son téléphone, il est important de retrouver le chemin de la salle de cinéma.
« J’ai beaucoup d’attente sur les films de fin d’année, tels que Zootopie 2 ou Avatar 3. »
Il avoue que l’été fut rude en termes d’entrées et il a la nostalgie de celui de 2023, au cours duquel sont sortis « les deux mastodontes » : Barbie et Oppenheimer. « Quand le cinéma marche, il marche ! Et quand plus rien ne fonctionne, on a hâte que cela redémarre. »































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