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Football : les arbitres face à la violence ordinaire

Les violences dont sont victimes les arbitres sur les terrains gangrènent la pratique du football. À tel point que la FFF commence à les équiper d’une caméra.

Photo DR

« Sans arbitre, pas de match. » Le slogan du District du Rhône retentit plus fort que jamais. La pénurie d’hommes en noir, alimentée par la fatigue, les insultes et le manque de reconnaissance, inquiète. Même si, selon Arsène Meyer, qui préside le District, les violences physiques sont en recul dans le département : « Sur le terrain, on n’a pas eu d’incidents graves en 2024, on est peut-être le district de France le plus dur en termes de discipline. » Cependant, les derniers chiffres nationaux publiés par l’Observatoire des comportements de la Fédération française de football (FFF) viennent rappeler l’ampleur du mal : sur les 635 000 matchs référencés, 4067 violences verbales et 249 violences physiques ont été recensées, de la bousculade à l’agression caractérisée.

Quand l’enjeu surpasse le jeu

Natif de Thionville et venu à Lyon pour ses études, Yassine Labyb est devenu le référent arbitre du Vénissieux FC, depuis la fusion de l’ASM et l’USV en 2018. « La violence, ça se gère comme on peut, reconnaît-il. Certains joueurs perdent la maîtrise de leurs émotions. Il faut être pédagogue et ferme à la fois, c’est essentiel. Mais l’arbitre n’est pas infaillible. Le problème, c’est que le public, les joueurs et les éducateurs pratiquent la tolérance zéro, oubliant qu’il ne s’agit que d’un jeu. Ma devise a toujours été « le jeu avant l’enjeu ». Reconnaissons-le, notre sport manque cruellement de bienveillance. Ces dernières années, des parents de très jeunes footballeurs exercent des pressions sur les éducateurs et arbitres : ils salissent l’image de notre sport. La passion, c’est une chose mais pas à en perdre la raison. »

Du côté des arbitres féminines, Doua Ghoul est un cas un peu particulier. « Je suis joueuse, coach et arbitre. Quand j’endosse mon habit noir, mes deux autres casquettes m’aident énormément à gérer les matchs et à adopter les bonnes attitudes face aux joueurs. Évoluer dans un milieu masculin est un défi personnel, je dois en faire un peu plus pour être respectée, savoir rester calme face aux contestations, et garder mon autorité sans être agressive. Beaucoup de compétences s’acquièrent sur le terrain, même si les formations d’arbitre abordent en partie ces aspects. »

Jean-Marie Mallet est le référent arbitre du club de Lyon Duchère. Cet ancien gardien de but a découvert l’arbitrage à 34 ans. « J’ai arbitré jusqu’à mes 55 ans en 2016, je suis peut-être de l’ancienne école, mais j’avais un principe : avant le match, je donnais mes consignes aux capitaines et durant la partie, j’intervenais tout de suite quand les esprits s’échauffaient. J’avertissais verbalement et assez fort pour qu’un grand nombre de dirigeants m’entendent. Le carton blanc (sortie d’un joueur 10 min) devrait être généralisé. Plus besoin de VAR, ni de caméras individuelles. »

La technologie en recours ?

Pour lutter contre les violences et les incivilités, la FFF mise pourtant beaucoup sur la la technologie. Elle a lancé un plan d’action, le 13 juin dernier, afin d’améliorer la protection des arbitres. Sa mesure phare ? Équiper ces derniers d’une caméra pour filmer les rencontres jugées à risques. Selon les informations du journal Le Monde, 185 caméras devaient être déployées d’ici à la fin d’octobre dans 39 districts et trois ligues où ont été répertoriés le plus de faits irrespectueux au cours des derniers mois. Ce dispositif a déjà été testé avec succès dans six districts pilotes. Dans la Loire par exemple, la FFF assure que 99 % de rencontres conclues sans incident grâce à cet outil.

Pour Yassine Labyb, « au niveau départemental et régional, les enjeux sont relativement faibles donc la caméra n’est pas une bonne idée. Le gros du travail doit passer par l’éducation de nos jeunes au respect de l’arbitre mais aussi des adversaires, des coéquipiers, des entraîneurs et des bénévoles. Quand le football professionnel décidera d’adopter des comportements plus sains, peut-être que nous retrouverons un semblant de sérénité au niveau amateur. »

Même retenue pour Doua. « Avant d’envisager de passer à la technologie, il y a plusieurs pistes pour améliorer les conditions d’arbitrage : renforcer la formation psychologique, soutenir les arbitres après les matchs difficiles, sanctionner directement les joueurs fautifs plutôt que le club. »

 

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