
Les commerçants déjà en place comptent sur l’arrivée de nouvelles enseignes pour redynamiser la galerie marchande
Avec ses 32 boutiques et restaurants en activité, le centre commercial Carrefour Vénissieux n’avait plus été aussi attractif depuis bien longtemps. À l’approche des fêtes de Noël, la période des cellules vides est révolue. Sept nouveaux arrivants viennent combler les « dents manquantes », renouvelant ainsi l’offre shopping de la galerie attenante au plus grand Carrefour du département. « Le Centre commercial Carrefour Vénissieux fait le plein de nouveautés », titre ainsi Carmila dans son communiqué de presse d’octobre. Cette foncière cotée en bourse, dont l’actionnaire principal est le Groupe Carrefour, a rempli ses objectifs.
La revitalisation a commencé fin mai avec l’ouverture de Ça va smasher, qui a inauguré son premier restaurant de burgers dans la région. À la rentrée, ce fut un tir groupé sur l’ancien emplacement de la pharmacie : le chocolatier Jeff de Bruges, l’enseigne de parfumerie française Adopt et Cigusto, spécialiste de la cigarette électronique, ont accueilli leurs premiers clients. Le jour de son ouverture, samedi 13 septembre, une longue file d’attente s’est formée devant O’Tacos. Le fast-food est la seule enseigne donnant directement sur l’extérieur. Le 1er novembre, c’est au tour du bijoutier Histoire d’Or de briller. Viendra ensuite le tour du barbier Barber du Monde de compléter le puzzle, en face de Ça va Smasher.
« Depuis quelques années, c’était un peu mort, témoigne Faouzia, venue faire quelques repérages avant ses courses. Globalement, les gens dépensent moins et achètent en ligne. C’est sympa de voir de nouveaux commerces ouvrir. Dommage qu’il manque toujours des magasins de vêtements. »
Un huitième acteur pourrait même être intégré à la liste. En effet, mi septembre, la pharmacie a changé de titulaire. Avec ses 900 m², il s’agit de la plus grande enseigne de la galerie. Elle occupe les anciens locaux de Flunch, visibles depuis le périph’, depuis décembre 2022. Mais pour l’officine, le couperet n’était pas passé loin : en cessation de paiements en août 2023, elle avait fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire en mars 2024. Le plan de cession a été acté en juin dernier.
« Toutes ces arrivées renforcent la diversité de notre offre et maintient un juste équilibre entre shopping, restauration et services », se réjouit Clotilde Petit-Pigeard, directrice du centre commercial.
Les commerçants, entre espoir et doute
Après quelques semaines d’activité, Adopt tente de fidéliser une clientèle nouvelle. Tissant un solide maillage dans la région lyonnaise, notamment à Saint-Priest et Vaulx-en-Velin, la chaîne de parfumeries avait besoin d’être présente à Vénissieux. « On est ici pour faire connaître la marque, explique la responsable du magasin. Grâce au flux de clients de l’hypermarché, on est capable d’attirer de nombreux clients. On a Jeff de Bruges juste à côté, c’est très positif. Beaucoup préfèrent venir ici plutôt qu’à La Part-Dieu, pour éviter la foule. »
Ludovic (Micromania) remarque davantage de mouvement devant la boutique de jeux-vidéos : « On verra ce que ça donne pendant la période des cadeaux, puis à long terme ». Emeline (La Boutique du coiffeur) attend l’ouverture prochaine du barber juste en face, et note que « l’attractivité est renforcée, tout comme la sécurité. » Razmig, qui a mis en pause son stand éphémère de glaces, crêpes et gaufres, compte revenir avec une nouvelle formule de restauration. Et espère « une meilleure communication du gestionnaire sur les réseaux sociaux, et plus d’animation physique ».

Cigusto, Adopt et Jeff de Bruges ont ouvert dernièrement
Certains se montrent plus prudents. C’est le cas de Rachid, l’un des trois opticiens (Optique & Audition). « Les nouveaux commerces nous font du bien mais on ne bénéficie pas de la clientèle du Grand Parilly. Surtout, ce Carrefour est le plus boycotté (*) de France. On estime que Carrefour a perdu 400 000 clients sur cinq millions. Et puis, les hypermarchés ont moins la cote. Dehors, on remarque une mendicité agressive de plus en plus présente. Les personnes âgées viennent moins. »
Karima (Cleor) a elle aussi ressenti « l’effet Gaza » : «Et maintenant, on va devoir s’arracher avec la concurrence d’Histoire d’Or, qui ouvre juste à côté. C’est dommage que l’offre ne soit pas assez diversifiée. Il manque de l’habillement féminin et une grosse enseigne de vêtements pour hommes. »
Le boycott a également touché Haute Tension, seule boutique de vêtements de la galerie. « On a senti la différence de suite, confie Emeline. Il y a eu une grosse baisse d’activité. Car la plupart des clients viennent pour l’hyper. Et s’il reste un peu d’argent, ils font quelques achats ici. »
Pour Jonathan (Nocibé), l’aventure touche à sa fin. « Je suis là depuis 2006. J’essaye de partir. Mon bail expire en 2030 mais je vais lancer la liquidation si on ne me libère pas à l’amiable. Le loyer est très élevé, les charges augmentent et le chiffre d’affaires diminue. C’est l’effet ciseau. Mais je sais que si le gestionnaire diminue ses loyers, il baisse en gamme. »
(*) Répondant à l’appel du collectif Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), des clients boycottent massivement Carrefour depuis décembre 2022, dénonçant la signature d’un contrat de franchise avec la société israélienne Electra Consumer Products. Cette campagne s’est intensifiée avec la guerre dévastatrice menée par Israël à Gaza, consécutive aux attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023.






























Derniers commentaires