Après les travaux liés aux réseaux, la pose des rails a commencé par ceux du quartier de Gerland – Photo Eric Soudan / Sytral Mobilités
– Les travaux pour la création de la ligne T10 ont débuté en 2024. Où en sont-ils ?
Nous sommes dans les temps. Au-delà de la phase liée aux réseaux, les travaux progressent par étapes : nous avons commencé par Gerland pour aller jusqu’à Vénissieux, car la priorité était de connecter la future ligne au centre de maintenance de Surville. Le secteur de Gerland sera achevé d’ici la fin de l’année 2025, ce qui nous permettra de lancer les premiers essais sur le tronçon Tony Garnier-Surville début 2026.
Sur la suite du tracé, les travaux démarreront réellement en 2026. Il y a eu quelques ajustements liés à l’été – les entreprises auraient souhaité commencer plus tôt lors des fortes chaleurs, mais cela aurait généré trop de nuisances. Pour Vénissieux, tout devrait être terminé avant la fin 2026.
Nous n’accusons donc pas de gros retard, seulement de petits décalages liés à l’été. Nous avons aussi réorganisé notre système de pose des rails : nous préfabriquons désormais des plateformes de 18 mètres que nous installons d’un seul tenant, notamment à Saint-Fons. Il reste quelques sujets fonciers à régler – un ou deux dossiers sont en cours.
– Avez-vous arrêté une date officielle de mise en exploitation ?
C’est encore trop tôt pour fixer une date de début d’exploitation, mais ce sera entre septembre et décembre de l’année prochaine : avant la mise en service, il faudra achever tous les travaux d’infrastructure et réaliser les essais, au fur et à mesure de la concrétisation de la ligne depuis Gerland. Certains travaux, comme les plantations d’espaces verts prévues à l’hiver 2026, se feront en parallèle des essais ou même de la mise en service. Nous devrions pouvoir nous positionner plus précisément au printemps prochain.
– Beaucoup d’habitants de Vénissieux, notamment dans le centre, pointent les difficultés de circulation liées aux travaux. Quels enseignements tirez-vous de ces opérations, sachant que Vénissieux sera concernée par les travaux du T8 dans les prochaines années ?
Je partage complètement ce constat : c’est évidemment compliqué de circuler quand on a un chantier de cette envergure. Nous le comprenons et essayons, avec les maires des communes concernées, de trouver des solutions pour réorienter les flux vers des rues adjacentes. Comme partout, c’est un mauvais moment à passer.
Un gros travail est effectué par nos agents de proximité, qui vont à la rencontre des habitants et des commerçants. À Saint-Fons, par exemple, nous avons mis en place un service de logistique gratuit pour que les commerçants puissent être livrés malgré les travaux. Nous savons pertinemment que ces nuisances, plus ou moins longues, sont difficiles à vivre. Les gens se plaignent, mais sans que ce soit trop virulent – ils comprennent qu’il s’agit de nuisances temporaires. Et quelques semaines après la fin du chantier, ces désagréments sont oubliés, car un chantier terminé, c’est aussi un nouveau service et un nouveau cadre de vie.
– Les habitants doivent-ils s’attendre à de gros impacts sur la circulation dans les mois à venir, ou au contraire à une amélioration ?
Nous entrons dans la phase de pose des rails, qui est un peu moins impactante. Les travaux de réseaux qui ont « lancé » la création de la ligne T10 sont très perturbants parce qu’il faut ouvrir toute la voirie et creuser en profondeur. Pour les rails, nous posons d’abord la plateforme puis les rails. Nous avançons donc plus vite que sur les réseaux.
– Lors de la concertation sur le T8, certains ont souligné le besoin d’une excellente continuité entre T8 et T10. Comment allez-vous intégrer cette demande ?
Dans l’idée initiale, qui date d’il y a bientôt 30 ans, ce qui correspond aujourd’hui au T10 et au T8 formait un projet unique, l’A8, qui devait relier Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Saint-Fons et Gerland. Les études ont montré qu’il n’y avait pas réellement de flux sur toute la longueur, mais trois flux distincts. C’est pourquoi nous avons créé trois projets : le T10, le BHNS et le T8.
Cela ne signifie pas que les projets ne sont pas interconnectés. Nous voulons faciliter l’intermodalité d’une ligne à l’autre et réfléchissons à supprimer des ruptures de charge en créant une continuité des rails. C’est d’ailleurs un sujet que nous avons à l’esprit pour toutes les lignes de tramway. La connexion physique existe déjà : les trams d’une ligne peuvent emprunter une autre ligne pour aller, par exemple, au centre de maintenance. Cela nécessite des travaux, mais on peut tout imaginer. C’est aussi pour cette raison que nous faisons en sorte que les lignes de tramway aient des tronçons en commun.
C’est un sujet qui va être étudié, en prenant le temps de réfléchir à tous les scénarios, avec une décision d’ici quelques mois ou années. Il y a des enjeux de mobilité bien sûr, mais aussi techniques et d’exploitation. Si on prolonge une ligne, on rend service à 1 ou 2% des usagers, mais on risque d’impacter beaucoup plus d’usagers en cas de pépin au milieu de la ligne, qui nécessiterait de tout mettre à l’arrêt. Il faut donc trouver le bon compromis.
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