

Mylene Chauvot – Photo Emmanuel FOUDROT
Mylène Chauvot s’est distinguée en devenant joueuse internationale en 1990, à une époque où le football féminin était encore sous-estimé et peu médiatisé. Aujourd’hui, elle a accepté de participer à l’essor de la section féminine au sein du Vénissieux FC.
Mylène a forgé son amour du sport en général, du football en particulier, en Saône-et-Loire, plus précisément à Cluny. Douée pour l’athlétisme qu’elle découvre à l’école, elle aurait probablement pu côtoyer le haut niveau en course de vitesse ou même en longueur. Licenciée au club de Cluny assez tôt, n’est-elle pas devenue recordwoman minime du sprint sur 60 m ? Et en cadette, elle décroche le titre de championne UNSS en longueur avec un bond à 5,38 m. Malgré ce potentiel évident pour poursuivre sa carrière sur les pistes, Mylène préfère pourtant se tourner vers le football, qu’elle pratiquait déjà en loisir à Cluny. « Je jouais souvent avec des garçons, croiser d’autres filles au foot c’était encore rare. » Et là encore, elle fait preuve de qualités techniques et de vélocité au-dessus de la moyenne. Elle prend naturellement sa première licence au club de Flacé-lès-Macon. Ses qualités sportives vont rapidement l’éloigner de ses racines. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle rejoint la faculté de sport de Villeurbanne, pour se rapprocher du FC Lyon, club phare des années quatre-vingt, grâce à sa section féminine ouverte dès 1970, quatre ans avant que le championnat de France de football féminin ne soit officiellement relancé par la FFF.
Une carrière en bleu
Au FCL, Mylène devient titulaire indiscutable dans un poste d’attaquante redoutable. Tout naturellement, elle décroche sa première sélection en équipe de France en 1990, alors dirigée par Aimé Mignot, face à l’URSS – qui cessera d’exister un an plus tard après la chute des régimes communistes en Europe. Elle a été sélectionnée 13 fois en équipe nationale, inscrivant deux buts face aux États-Unis en match amical, en avril 1991. Sa dernière apparition en sélection date du 5 mai 1992, la France est alors tenue en échec par la Finlande lors d’un match de qualification pour la coupe d’Europe. De ses deux années en équipe de France, elle ne garde que de bons souvenirs. Même si les conditions étaient très éloignées de celles dont bénéficient les Bleues d’aujourd’hui. « Certaines de mes partenaires en sélection devaient prendre une semaine sur leurs congés lors des stages et matchs à l’étranger. Pour ma part, j’étais encore étudiante, mon seul luxe était de ne rien payer… et de ne rien recevoir bien évidemment. »
Quand elle fait le bilan de sa carrière, Mylène n’a qu’un seul regret : celui d’être née 25 ans trop tôt. « À mes débuts, le football féminin était sous-estimé et mal médiatisé. Quand je regarde l’évolution en termes d’audience à la télé et d’affluence dans les stades, je suis quand même un peu envieuse et admirative. Je n’ai pas eu la chance d’être professionnelle. »
Du foot à l’animation
L’année 1992, c’est également l’année de son premier gros pépin physique : rupture des ligaments croisés. Blessure qui met fin à ses ambitions internationales. Mais cela ne l’empêche pas de s’illustrer et de rebondir avec le FC Lyon, club avec lequel elle s’offre trois nouveaux titres de championne de France en 1993, 1995, et 1998 – le premier ayant été obtenu en 1991, avant sa blessure.
Avant de ranger définitivement ses crampons – elle passera du FCL au SC Caluire – Mylène bonifie son diplôme universitaire en intégrant la direction municipale des sports de Vénissieux en 1996. « J’intervenais dans les écoles, les centres d’initiation du mercredi, à l’USEP, à la Maison de l’enfance Anatole-France, à la faveur de stages et vacations. BAFA en poche, j’étais dans mon élément, je participais à la transmission du sport sous toutes ses formes, aux enfants. »
Responsable du pôle féminin à Vénissieux FC
Dans le même temps, en tant que référente du football féminin, elle intègre le District du Rhône, organe fédéral dépendant de la Fédération française de football où elle occupe des responsabilités importantes. Une énorme charge de travail, elle y passe plus de huit ans, avec la double casquette de présidente de la commission féminine et vice-présidente du District. Elle met son énergie au service de la promotion du football féminin « L’envie de souffler m’a conduit à mettre un terme à cette mission, » admet-elle. Une interruption avec le monde du ballon rond qui va durer deux bonnes années.
En 2023, Jean-Pierre Chaix, président du Vénissieux FC la sollicite une première fois pour booster le foot féminin. « Il voulait que j’apporte mon expertise, que je crée une nouvelle dynamique, mais Je n’étais pas encore prête. Il est revenu à la charge cette année, et cette fois j’ai accepté le challenge. Mais je m’aperçois que ce n’est pas une mince affaire : effectifs insuffisants, pas d’équipe senior, des catégories absentes… Il est très difficile de conserver des joueuses, d’une année sur l’autre. Et pas seulement ici. Dès que l’une d’entre elles arrête en fin de saison, plusieurs en font de même. Me concernant, et avec l’appui de passionnés, Sarah, Loïc, Laëtitia, qui encadrent des catégories, on va d’abord s’efforcer de conserver notre quarantaine de licenciées. On peut vraiment parler de reconstruction du football féminin qui va s’étendre sur au moins trois ans. »
Quoiqu’il advienne, Mylène aura assurément ouvert la voie pour les générations futures
Mylène Chauvot
Née en 1970 à Mâcon
Responsable du pôle animation à Saint-Priest
Parcours de footballeuse : RC Flaché Mâcon, FC Lyon et SC Caluire
Quatre fois championne de France avec le FCL : 1991, 1993, 1995 et 1998
Treize sélections en équipe de France
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