Culture

Archives départementales et métropolitaines : il y a 80 ans, les femmes obtenaient le droit de vote

Jusqu’au 28 mars 2026, les Archives départementales et métropolitaines présentent l’exposition Les femmes vont voter, fruit d’un travail collectif mené durant quatre ans. Entrée libre et gratuite pour cette expo passionnante.

C’est incroyable de penser qu’il a fallu attendre 1945 pour que les femmes françaises puissent voter. Comme si elles faisaient partie d’une sous-population ne pouvant accéder à la faculté de décider. Le droit de voter leur est accordé par le gouvernement provisoire du général de Gaulle et l’ordonnance du 21 avril 1944. Mais c’est le 29 avril 1945 qu’elles auront l’occasion de mettre leur bulletin dans une urne, pour des élections municipales. À l’exception, est-il précisé sur un panneau, de l’Alsace, la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique.

La France arrive donc bien après quantité d’autres pays : Nouvelle-Zélande, Australie, Finlande, Norvège, Danemark, URSS, Arménie, Turquie, Hongrie, Royaume-Uni, Tchécoslovaquie, Azerbaïdjan, Allemagne et certains États américains, pour n’en citer que quelques-uns.

Dans leur bâtiment de Lyon 3e, les Archives départementales et métropolitaines proposent une exposition sur ce basculement et se fixent sur la période qui va d’octobre 1944 à octobre 1945. Dès l’entrée, une affiche nous en apprend beaucoup, qui proclame « À temps nouveaux, suffrage nouveau ». Plusieurs arguments apparaissent sur cette affiche de la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits. Elle explique que la femme doit voter pour « éviter la guerre, protéger l’enfance, améliorer l’hygiène, supprimer les taudis, endiguer l’immoralité, réformer le Code civil, réaliser la vie moins chère, combattre l’alcoolisme et les maladies évitables ».

Quant à la Ligue d’électeurs pour le suffrage des femmes, elle remarque que la femme vote « chez nos alliés, chez les neutres et même chez nos ennemis d’hier », en citant pour ces derniers l’Allemagne et l’Autriche.

Même les religieuses

L’exposition va ainsi décliner également le mode de vie des femmes de l’après-guerre, mettant en valeur leur travail et « quelques signes d’émancipation ». Certains critères continuent à nous faire grincer des dents. On apprend ainsi que le 29 juillet 1945, peuvent voter en Algérie, et le 21 octobre 1945 en Nouvelle-Calédonie, seulement « les femmes européennes ». Les femmes kanaks ne pourront le faire qu’en 1957 et les femmes algériennes en 1958.

Lors des récentes Journées européennes du Patrimoine, un guide des Archives expliquait à un groupe de visiteurs que, parmi ceux qui ont fait pression pour que les femmes puissent voter, se trouvaient le Parti communiste français et l’Église catholique. « Aux élections d’avril 1945, le PCF a présenté le plus de candidatures féminines. Quant aux catholiques, ils prônaient le vote des femmes pour lutter contre l’influence communiste. À Lyon, par exemple, le cardinal Gerlier a insisté : les femmes devaient voter et, en particulier, les religieuses. D’autres ont rétorqué : pourquoi demander l’avis des religieuses dont on n’allait ensuite plus entendre parler ? » Sur un panneau baptisé « Le vote catholique », on voit la photo d’une religieuse en cornette déposant son bulletin dans une urne.

Il y eut une participation importante à ces municipales de 1945 et aux élections constituantes qui suivirent, le 21 octobre. 33 femmes furent, pour la première fois, élues députées. On apprend ainsi qu’aux élections de 1945, sept femmes devinrent conseillères municipales à Lyon (sur 57 sièges) tandis que la communiste Mathilde Méty accédait au statut de députée du Rhône.

La qualité de cette exposition et des documents présentés fait poser au guide une question essentielle : « Quels sont les grands faits de société sur lesquels il est important de collecter des archives ? »

Ajoutons qu’un cycle de projections et de conférences accompagne l’exposition. Après la projection du documentaire Aux urnes, citoyennes le 1er octobre, on pourra voir Il suffit d’écouter les femmes le 3 décembre à 18 heures et suivre deux conférences : Une presse pour les femmes avec Bénédicte Héraud et Carine Delahaie (11 décembre, 18 heures) et Six Lyonnaises en révolution avec Anne Verjus et Olivier Ferret (22 janvier, 18 heures).

Archives départementales et métropolitaines : 34, rue du Général-Mouton-Duvernet Lyon 3e.
Tél. : 04 72 35 35 00 – archives.rhone.fr
Exposition « Les femmes vont voter », jusqu’au 28 mars 2026. Entrée libre et gratuite.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez également

Actus

La mobilisation contre les politiques des gouvernements nommés successivement par Emmanuel Macron a pris de l'ampleur : à Lyon, jusqu'à 20 000 personnes ont...

Actus

Demain, de nombreux manifestants devraient répondre à l'appel lancé par l'intersyndicale. Un prolongement de la colère populaire qui s'est exprimée le 10 septembre ?

Actus

Trois nouvelles lignes de covoiturage seront déployées à la rentrée. Avec deux arrêts prévus à Vénissieux.

Actus

Vendredi soir, une réunion publique de concertation liée au projet de tramway T8 s’est tenue en salle Joliot-Curie.

Actus

En juin, l’Assemblée nationale supprimait les ZFE en France. Cela n’a pas empêché la Métropole de valider le principe d’une nouvelle dérogation.

Copyright © 2022 Expressions, les nouvelles de Vénissieux

Quitter la version mobile