Henri-Claude Cohas naît au 22, rue des Bourguignons, à Asnières. Nous sommes un 17 août. Fernand Raynaud, qui n’a pas encore vu le jour, n’écrira son célèbre sketch que 30 ans plus tard. En cette année 1925 naissent quelques figures comme le cycliste Louison Bobet ou les acteurs Roger Hanin et Michel Piccoli.
Contrairement à ses contemporains, celui qu’on a toujours appelé Claude n’a pas connu la célébrité. Mais il aura eu la chance de connaître une plus grande longévité. Le 17 août 2025, le néo-centenaire était entouré de ses amis, à la Brasserie de Parilly, pour souffler ses 100 bougies. L’établissement, où il a ses habitudes, est à deux pas de son appartement de la rue Joseph-Deschamps, où il vit depuis 55 ans.


Claude, entouré de ses amis Housineet Fayçal
Malgré son âge avancé, Claude reste en mesure de demeurer chez lui. « Je suis très en forme, assure-t-il d’une voix claire. Je peux vous citer les 50 états américains et toutes les capitales du monde. » En plus d’être incollable, le vieil homme, jadis féru d’athlétisme, fait son possible pour se maintenir physiquement. Levé à 8 heures, il s’impose quelques exercices de flexions sur jambes, mains en appui sur la table du salon. « Vous voyez, pas besoin de payer un kiné pour faire ça ! » Claude met un point d’honneur à rester le plus autonome possible : « J’aime les félins. Et comme eux, je suis un solitaire. »
« Il se douche et cuisine seul », atteste son ami Houssine, venu lui apporter quelques emplettes. Claude peut compter sur les copains au quotidien. Notamment sur Fayçal, avec qui il partage désormais son logement : « Claude conduisait encore il y a un an. Mais après plusieurs chutes, il ne fait plus de sorties depuis 8 ou 9 mois. »
« À Parilly, je connais plus l’hippodrome que le parc »
Forcément, en 100 ans, ce Vénissian a connu de belles tranches de vie, parfois contrastées. « J’ai dormi sur une planche pendant un mois à l’armée, raconte-t-il. Mais je me suis aussi réveillé dans des draps de soie. Pendant la guerre, j’ai été mobilisé de force par les Allemands pour construire de nouvelles voies. J’y allais doucement ! »
L’après-guerre l’a beaucoup marqué : « Après avoir eu les tickets de rationnement, on a quand même vécu une belle période euphorique. Je me souviens du Café de Flore de Saint-Germain-des-Prés. J’y ai rencontré Jean-Paul Sartre, Boris Vian et Juliette Greco. »
Avant l’ivresse des Trente Glorieuses, Claude a dû très vite se retrousser les manches. Adolescent, Claude doit laisser de côté ses études de typographie pour devenir étalagiste et étiqueteur à Roanne, et ainsi, subvenir aux besoins de ses deux demi-frères dont il avait la charge.
Sa carrière professionnelle aura été stable. Persister dans le métier de vendeur en porte-à-porte pendant 35 ans requiert discipline et volonté. « En bagnole, j’ai dû parcourir l’équivalent de 40 tours de la Terre, s’exclame-t-il. Toutes ces années, j’ai mangé au restau midi et soir. » Grand amateur de poisson, moules et huîtres, l’ancien commercial conserve ses habitudes culinaires. Et n’oublie pas son petit verre de côtes-du-rhône : « 25 cl, midi et soir, pas plus. »
Sérieux au travail et joueur pendant son temps de loisirs, Claude apprécie les cartes (tarot, coinche) et la pétanque, avant de se mettre à la longue : « J’en ai gagné, des concours ! J’ai beaucoup gagné aux courses, aussi. Et fait gagné les autres. À Parilly, je connais plus l’hippodrome que le parc. Et je connais tous les champs de course de France. » Heureux aux jeux, Claude l’a aussi été en amour. Il aura partagé sa vie avec Madeleine, jusqu’à son décès en 2006. Son seul regret : ne pas avoir eu d’enfants. « Je suis stérile, comme Ourasi, si vous avez la référence », glisse-t-il avec un sourire en coin.
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