Imaginez deux amis. Le premier suit régulièrement les saisons au Théâtre de Vénissieux et le second est vidéaste au service Communication de la Ville. Un jour, pendant le confinement, le premier écrit un scénario qu’il fait lire au second. « Génial ! On le fait quand ? »
Non seulement le scénario a été tourné mais lui et sa suite seront projetés au cinéma Gérard-Philipe le 19 juin à 20h15, dans le cadre des Vidéos vénissianes.
Jean-Baptiste Cleyet et Charles Salignat se sont connus sur les bancs du lycée, alors qu’ils avaient dix-sept ans. Les deux sont passionnés par le cinéma. « Tu voudrais pas qu’on réalise un film ensemble ? » demande alors JB. « Ça fait cinq ans que j’en fais » répond Charles. Ces deux-là ne pouvaient que s’entendre.
Voici donc deux films, Burn Out et Inside Burn — une quarantaine de minutes en tout —, respectivement tournés en 2020 et 2021, dans lesquels Charles tient l’ensemble des rôles masculins. Un tour de force, tant il compose de manière distincte les différents personnages.
L’idée est venue d’un gag. « Pendant le Covid, confirme Charles, je reprenais des scènes de films. Cela a été le déclic. »
Dans ces séquences, Charles jouait tous les rôles. Il a refait ainsi Drôle de drame dans lequel il incarne Michel Simon et Louis Jouvet. L’expérience a tellement plu — « Mon cher cousin, vous avez dit bizarre ? » — que JB a repris la séquence entière dans Burn Out.
Tous deux s’amusent à tourner leurs films. « Le cinéma est un outil de magicien », assure JB qui maîtrise tout à la fois le plan, le découpage (il a créé de nombreux storyboards, dessinant l’ensemble d’un film)… et les trucages. Et ceux-là sont assez époustouflants, ce qui fait sourire l’intéressé. Et très souvent référentiels, de la grande table inspirée par le Dr Folamour de Kubrick (autour de laquelle ne se trouvent que des individus joués par Charles) à L’Homme invisible, version 1933. Quant aux personnages, ils portent des noms que reconnaîtront les cinéphiles : Jerry Lewis, Joseph Mankiewicz…
« Burn Out » et « Inside Burn »
« Burn Out commence par une citation de Godard et lui doit beaucoup. À la question ’Par où commencer ?’, le nom de Godard arrive. Après, on divague. »
N’allons pas croire toutefois que Burn Out et Inside Burn ne soient qu’une succession de gags référentiels. Le film est né d’une véritable introspection, ainsi que l’admet JB : « Burn est un personnage qui ne sait pas qui il est. Il est influencé par la culture américaine. C’est un antihéros. C’est finalement l’histoire d’un mec qui n’arrive pas à vivre et se demande s’il vit vraiment. Il se retrouve dans un tel état de dépression que les seules personnes qu’il peut rencontrer… c’est lui-même ! Comme s’il vivait dans une dictature et qu’il était son propre dictateur. »
Un scénario nourri par la dépression traversée par JB 25 ans plus tôt. « Le cinéma est fait pour montrer cela, mieux que le roman, admet JB. David Lynch est le grand patron du genre ! » JB achève en ce moment le montage du troisième et ultime épisode des aventures de Jack Burn, All About Burn. Prochainement à Gérard-Philipe ? On l’espère !
Vidéos vénissianes :
Le 18 juin avec, dès 14 heures, des films de collégiens et, à 20 heures, ceux des Ambassadeurs du cinéma.
Le 19 juin avec, à 17h30, un programme d’écoles élémentaires et, à 20h15, deux films de Jean-Baptiste Cleyet.
Entrée gratuite.
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