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Manuel Penin, prof à Michelet, publie un ouvrage sur son quotidien

Il y a six ans, Manuel Penin a vécu comme « un couperet » sa mutation au collège Jules-Michelet. Il y est toujours aujourd’hui. Et se dit « heureux d’enseigner ici » dans un livre témoignage publié aux éditions L’Harmattan.

« Je resterai au collège Jules-Michelet jusqu’à ce que tous mes élèves deviennent autonomes dans leur apprentissage et soient enthousiastes ! » Un objectif que souhaite atteindre ce jeune professeur de français qui y exerce depuis six ans. Dans « Collège des quartiers, chronique d’un prof de banlieue », il décrit son travail au quotidien avec Hilal, Chaïma, Mickaël, Sabrina et tant d’autres a qui il est parvenu à donner le goût de la littérature.

Après la soutenance de sa thèse sur l’émigration russe au XXe siècle, Manuel Penin devient enseignant. Alors qu’il exerce dans un collège rural du Jura, il apprend qu’on l’affecte en périphérie de Lyon, « au lycée Jean-Paul Sartre de Bron dont le nom m’évoquait une certaine élévation « , écrit-il. Il s’apprête à fêter cette bonne nouvelle quand une lettre contradictoire lui parvient. Il est finalement nommé au collège Jules-Michelet de Vénissieux, classé en REP +. « Le couperet tomba et mes pleurs sur les bureaux de l’administration n’y furent d’aucune aide. » C’est donc avec résignation que Manuel Penin visite le collège qu’il décrit parfaitement bien : « Un bâtiment isolé, de forme ovoïde, entouré d’une palissade de barreaux de fer d’une hauteur démesurée. Les larges baies vitrées protégées par des lamelles métalliques qui limitaient d’un côté la vue sur le champ des tours, de l’autre sur l’horizon d’une campagne résidentielle. Contraste avec l’intérieur : la luminosité et la propreté des lieux. »
Les angoisses de l’enseignant disparaissent vite.  « Exercer en REP, c’est avoir le goût du défi, témoigne-t-il. Ce qui m’a profondément attaché au collège, c’est la solidarité entre les équipes. C’est la convivialité qui aide précieusement à surmonter en bonne intelligence le mur des impasses, à prendre les bonnes distances avec des situations insolubles, à préparer les bonnes pistes d’une posture pédagogique à partir d’un bouillon de ces problématiques. »

Le professeur-écrivan se dit très attaché au travail mené dans ces zones en difficulté. Convaincu que l’entraide dans l’équipe pédagogique, le temps consacré aux élèves et les travaux individuels finissent toujours par payer. « Il faut des professeurs expérimentés. Et se souvenir que tout est possible pour ces gamins. » Il ne parle cependant jamais d’ascenseur social, qui ne fonctionne plus guère : « Je préfère l’escalier social avec des marches plus difficiles à franchir que d’autres. Avec un seul but : atteindre la dernière marche. »

Volontariste mais pas angélique, Manuel Penin convient que le métier de prof de collège vous place parfois face à des situations déconcertantes : « Je me souviens d’une visite au musée d’art contemporain. On avait pique-niqué au Parc de la Tête-d’Or, certains ont décidé de sauter dans le lac ! Autant dire que la visite de l’expo était compromise. Mais je reste persuadé qu’avec l’exigence et le dialogue on peut aller vers la convivialité et avancer. »

L’enseignant observe du reste que les actes de violence au collège ont diminué ces dernières années. « En REP + nous avons des moyens importants qui permettent la mise en place de tutorat, des projets personnels de réussite, les dédoublements de classes. Mes élèves ont toujours plaisir à écrire à partir d’une consigne. Ils arrivent à formuler leur propre texte. En revanche, je suis encore surpris de la pression que les filles subissent de la part des garçons. »
Et de conclure : «  Je suis heureux d’enseigner ici, même si c’est sportif ! J’ai beaucoup de respect pour ces élèves. L’école a un rôle immense à jouer pour que chacun vive l’égalité des droits. »

Manuel Penin – Collège des quartiers/Chronique d’un prof de banlieue. 

Editions L’Harmattan- Prix : 20,50 euros.

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