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En visite à Izieu, dans les ombres de notre Histoire

Dix-neuf jeunes élus du Conseil municipal d’enfants ont récemment découvert le Mémorial des enfants juifs exterminés d’Izieu. Une visite éminemment pédagogique, marquée par l’émotion, la tristesse et l’incompréhension


C’était le 6 avril 1944, à Izieu, un petit village du département de l’Ain. Quarante-cinq enfants et sept adultes, tous juifs, se préparent à prendre leur petit-déjeuner lorsqu’un détachement de la Wehrmacht et une voiture de la Gestapo de Lyon font irruption sur ordre de Klaus Barbie. Raflés, ils sont emprisonnés à Lyon au fort Montluc, puis déportés au camp d’Auschwitz : aucun d’entre eux n’en reviendra.
Soixante-douze ans plus tard, les élus du Conseil municipal d’enfants (CME) visitaient le mémorial en présence du maire Michèle Picard et de Véronique Callut, son adjointe aux affaires scolaires. Aline, animatrice du musée, accueillait les jeunes Vénissians. Que connaissez-vous d’Izieu ? demande-t-elle. Le sujet a bien sûr été travaillé en amont. Les réponses fusent : “Des gens ont accueilli des enfants juifs que les Allemands voulaient tuer”, “Ici c’était un refuge”, “À l’époque, les enfants juifs étaient condamnés à mort par les nazis, certains de leurs parents avaient été tués”, “Un jour ils ont été arrêtés et emmenés dans un camp : on leur a dit qu’ils allaient prendre une douche ; on leur a envoyé du gaz”.
Pendant plus de deux heures, les enfants évoquent ainsi, les rafles, les camps de concentration et d’extermination, la collaboration, le gouvernement de Vichy, les lois contre les juifs, le port de l’étoile jaune. Bien que préparés à la visite, ils sont visiblement émus, tristes, et expriment surtout une immense incompréhension.

“Ici, on se rend compte de l’atrocité”

“Aujourd’hui j’ai beaucoup appris, confie Nadila. Cette visite m’a touchée car ce sont des enfants qui ont été tués, déportés. La plupart n’avaient plus de parents. On peut voir leurs photos, des lettres qu’ils ont écrites, des dessins. Je me suis mise à leur place. Il faut rester comme nous sommes, ne pas devenir raciste, accepter l’autre tel qu’il est.”
Marya a aimé visiter la maison : “On imagine comment ils vivaient. On a vu leur salle de classe avec des bureaux de taille différente mais aussi le réfectoire, l’économat, l’infirmerie… C’est une visite triste, touchante, émouvante.” Son amie Marhia se souviendra de cette journée, en particulier de l’histoire de Klaus Barbie, “un homme sans valeur qui a été arrêté quand il était vieux… Comment a-t-il pu vivre ainsi avec tout ce qu’il a fait ?”.
Arthur s’intéresse à l’Histoire et dit avoir apprécié notamment “les lettres reçues par les enfants”. Moment difficile pour ce jeune garçon quand Aline, l’animatrice, “a fait écouter le témoignage de Mme Halaunbrenner au procès de Klaus Barbie : son mari et son fils ont été arrêtés à Villeurbanne, puis déportés. Elle avait laissé ses deux filles à Izieu pour les protéger, elles ont été elles aussi raflées et tuées. Pendant le procès elle racontait l’enfer de sa vie. Elle a perdu tous les gens qu’elle aimait. C’est terrible.”
Jules, qui participe régulièrement aux commémorations, donne à son tour son sentiment : “On nous a parlé des Résistants à Vénissieux, de la Seconde Guerre mondiale, de la collaboration. On savait déjà tout ça, mais ici, on se rend vraiment compte de l’atrocité.”
Michèle Picard souhaitait que les élus du Conseil municipal d’enfants viennent à Izieu. “Pour être des citoyens de demain, ils doivent connaître les ombres de notre Histoire, souligne le maire. Je ne veux surtout pas les formater, mais leur donner de vraies valeurs de solidarité. Si on leur transmet des valeurs, ils pourront à leur tour les transmettre. Dans le contexte d’aujourd’hui où le racisme est très fort, ils ne doivent pas ignorer ce qui fait notre Histoire.”
Après la visite du musée, les enfants se sont retrouvés au centre de vacances Daniel-Féry de Champagneux pour y préparer la prochaine commémoration du 8 mai.

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