Sports

Djilali Mezzereb : retour gagnant

Modèle de persévérance et d’humilité, Djilali Mezzereb est une figure du tennis régional. À 56 ans, il revient à Vénissieux, le club de ses premiers coups droits dévastateurs.

Toto Mezzereb revient sur les courts des Minguettes pour transmettre sa passion aux plus jeunes

Djilali Mezzereb a rarement occupé les premières pages de la presse spécialisée : dans l’univers du tennis, seuls les champions y ont droit. Mais il fait partie de ces joueurs moins médiatisés, dont la réussite ne se mesure pas uniquement aux titres remportés. Même s’il en a obtenu plusieurs, notamment lors des tournois de Vaulx-Milieu, Pusignan et Marennes.

Jeune, au lieu du football qu’il a pratiqué de façon récréative, Djilali s’est rapidement tourné vers le tennis, attiré par la nature individuelle de ce sport. « Dans les années quatre-vingt, le foot gagnait en popularité sur le plateau, se souvient-il. J’ai commencé à taper la balle jaune avec Samir Zeroual sur les courts des Minguettes, où l’ancien président Georges Monnet nous ouvrait les portes même si nous n’avions pas de licence. Je devais avoir une douzaine d’années, et David Salut était l’un des rares bons joueurs déjà en place. Nous étions très assidus, pas trop mauvais joueurs aussi. Élève de primaire à Paul-Langevin, puis collégien à Elsa-Triolet, j’avais fait du tennis mon principal centre d’intérêt, un choix qui me distinguait de mon ami Samir, très à l’aise dans les matières scientifiques. »

« Les années bonheur »

Avant que ce duo ne prenne une licence au Tennis Club de Vénissieux, le président Monnet les inscrit gratuitement à plusieurs tournois régionaux, de Corbas à Mions en passant par Givors. « C’est ce qui a tout déclenché, c’est une certitude. Avec Samir, nous passions 6 à 7 tours à chaque compétition, ce qui était énorme pour des joueurs non classés. En un an, je suis passé directement 15/4, un bond inimaginable. »

Peu à peu, une équipe de copains se forme au TCV. Karim Maddouche, qui en faisait partie, évoque des « années bonheur » : « Nous avions un bon niveau prérégional par équipes, l’ambiance était excellente, on prenait du plaisir à être ensemble et à obtenir des résultats avec nos moyens limités. Durant ces années-là, le prix d’un équipement et d’une raquette de base n’était pas donné. On optait pour le système D : il nous arrivait de fabriquer nos cordages avec des filets de pêche épais, un cordage que Louis, un ami de Saint-Fons, réalisait. Bien évidemment, nous n’avions pas les moyens de nous acheter des paires de basket de tennis adaptées. On allait au marché, les Palladium coûtaient 5 francs, ça nous convenait. »

Un peu en froid avec les études – « seul l’anglais m’intéressait »–, Djilali Mezzereb opte pour une voie plus pratique et s’oriente vers un CAP en hygiène industrielle à Bron. Puis il trouve un premier emploi dans une imprimerie sur tissu, à Montplaisir. Avant que l’armée ne lui offre un moment de répit, une parenthèse enrichissante. « J’ai été affecté à Sathonay-Camp. J’ai pu faire pas mal de sport, prendre du galon, et j’ai fini sergent avec tous les avantages dont peut bénéficier un sous-off : chambre individuelle, repas au mess des officiers, affectation aux entraînements au tir. J’ai appris à manier et même à démonter les armes automatiques et les fusils d’assaut, comme le Famas. Une seule contrainte, un week-end d’astreinte par mois. On m’a proposé de rejoindre les militaires à Sarajevo pour une mission de six mois grassement payée, mais j’ai refusé. »

Jusqu’en Nationale 

Après son service militaire, Djilali rejoint le club de l’ASPTT Lyon qui évolue en Nationale 4. Il progresse vite, notamment grâce à son point fort, l’enchaînement service -coup droit, au point d’être classé 3/6. Pour le retenir, le club lyonnais lui propose un job à la Poste. « Affecté au tri des colis, je suis passé d’intérimaire à Cédéiste, j’ai été familiarisé aux machines à trier le courrier, aux racks sur lesquels étaient stockées les caisses de lettres. J’ai connu les centres de Montrochet, Corbas et Saint-Laurent-de-Mûre, la plus grande plateforme régionale. Travailler de nuit ne m’a pas dérangé, cela me convenait pour pouvoir m’entraîner au tennis les après-midi, et même donner des cours, souvent aux plus jeunes. »

Il quitte pourtant l’ASPPT pour rejoindre Charvieu en Nord-Isère. « Le club était ambitieux, il voulait que son équipe accède au niveau national. Ce qu’il ratera de peu, accédant tout de même aux demi-finales. On rencontrait des équipes qui pouvaient compter sur des joueurs de très bon niveau. » Même constat quand Djilali signe à Oyonnax, puis à Saint-Priest avec une équipe installée en Nationale 4. « Il faut savoir qu’il est beaucoup plus difficile d’accéder au niveau supérieur, la N3, que de s’y maintenir, une seule équipe pouvant obtenir le fameux sésame. Contre toute attente, on y est parvenu en 2012 avec Saint-Priest. »

Plus de trente-cinq années passées à manier la raquette et à frapper la balle, ça use. « J’ai ensuite rejoint le club de Saint-Just-Chaleyssin, surtout pour encadrer des jeunes. Je ne jouais qu’occasionnellement. Mon retour depuis quelques mois à Vénissieux est une manière de boucler la boucle. À 56 ans, je donne un coup de main à Salah, le jeune président passionné, qui fait tout pour développer le club et attirer de nouveaux licenciés. Il a remis au goût du jour le tournoi du club, en sommeil pendant 30 ans. »

Que se serait-il passé si Djilali avait démarré le tennis beaucoup plus tôt ? Les spécialistes affirment en effet que le mieux est de débuter à 5 ou 6 ans. À cet âge, les enfants ont déjà développé leurs capacités psychomotrices, leur coordination et leur attention et ils sont beaucoup plus à même de s’adapter rapidement aux exigences du jeu. « Je ne sais pas si je serais devenu un champion, répond Toto, mais une chose est sûre, je me serais bien amusé, j’aurai pris beaucoup de plaisir. »
 

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez également

Actus

Vénissieux comptera bientôt six nouvelles stations Vélo'V. Trois sont en cours d'installation, et trois autres sont d'ores et déjà mises en service.

Actus

La France Insoumise a dévoilé les noms de ceux qui mèneront ses listes aux élections métropolitaines. Pour la circonscription qui comprend Vénissieux, le parti...

Dossiers

Les charges locatives dans le logement social atteignent depuis quelques mois des niveaux records. Une situation insoutenable pour de nombreux foyers.

Culture

La cinéaste vénissiane Erige Sehiri a obtenu ce 6 décembre l'Étoile d'or, prix le plus prestigieux du festival international du film de Marrakech.

Actus

Le natif de Vénissieux a signé une victoire éclatante samedi à Las Vegas face au Russe Nazim Sadykhov. Le Top 15 mondial lui ouvre...

Copyright © 2022 Expressions, les nouvelles de Vénissieux

Quitter la version mobile