Cet été, les résidences de la Sacoviv sur le boulevard Ambroise-Croizat ont connu des journées et des nuits agitées, comme d’autres zones de l’agglomération dans lesquelles se développe le trafic de stupéfiants. Des coups de feu ont été tirés, notamment entre la fin juillet et le début du mois d’août, dans le cadre de ce que le président du bailleur Sacoviv, Pierre-Alain Millet, qualifie de « guerre de territoire ». Un portail, mis en service le 5 août pour gêner le fonctionnement d’un point de deal, a été incendié dans la nuit du 6 au 7 août. Et ce, malgré la présence d’agents de sécurité — qui avaient empêché une première tentative d’incendie quelques minutes auparavant, avant qu’un groupe de jeunes masqués ne parvienne à mettre le feu avec une grande quantité de carburant — et une intervention rapide de la police.
Rappelant qu’elle attache « une importance particulière aux questions de tranquillité et de sécurité publiques », Michèle Picard, maire de Vénissieux, a donc pris la plume, ce lundi 1er septembre, pour demander au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, « l’affectation de moyens humains de police pérennes et renforcés sur [le secteur Ambroise-Croizat], comme l’État a pu le faire au quartier du Tonkin ».
« Le réel sentiment d’insécurité des habitants s’est accentué avec la multiplication des fusillades liées au narcotrafic à la fin du mois de juillet qui, fort heureusement, n’ont pas fait de victimes, dénonce le maire. (…) Je suis consciente des efforts fournis par les forces de l’ordre tant dans le harcèlement quotidien des dealers que dans le travail d’enquête pour démanteler les réseaux. Ce travail de longue haleine a permis l’interpellation et la mise sous écrou de plusieurs trafiquants, qui sont très rapidement remplacés par d’autres individus qui n’habitant pas la commune. Malgré tous les moyens déployés et les résultats acquis, les habitants constatent que le travail accompli ne fait plus reculer le trafic de stupéfiants, de plus en plus pesant dans leur quotidien (contrôles d’identité, pressions, nuisances…). Un sentiment d’abandon des habitants succède aujourd’hui à la peur pour leur propre sécurité, à la colère et l’exaspération d’une situation qui se dégrade. »
Une « présence permanente d’unités de forces mobiles »
L’élue identifie trois façons d’enrayer les violences liées au narcotrafic. « Dans un premier temps, une présence permanente d’unités de forces mobiles, puis, dans un second temps, la création d’une brigade spécialisée, écrit Michèle Picard. Enfin, des enjeux de prévention et de santé publique sont concomitants au trafic de stupéfiants, et je suis disposée à travailler en partenariat avec les pouvoirs publics pour expérimenter des solutions innovantes, par exemple sur la prise en charge des jeunes adolescents recrutés par les réseaux de trafic de drogue. »
Michèle Picard demande « des moyens à la hauteur des enjeux nationaux, à savoir des moyens supplémentaires pour la police, la justice et les douanes ». « Cela fait écho à mes nombreuses demandes pour renforcer les effectifs locaux du commissariat de Vénissieux, et désormais de la Division sud de l’agglomération lyonnaise », rappelle le maire.