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Gestion de l’eau : l’hippodrome de Parilly gagne le pari de l’économie

Depuis plusieurs années, l’exploitant de l’hippodrome de Bron applique un nouveau fonctionnement qui lui permet de préserver significativement ses ressources en eau.

Ces gigantesques cuves servent à récupérer de grosses quantités d’eaux pluviales. Photo société Viacon.

Lancés dans une course effrénée vers la sobriété, les exploitants de l’hippodrome de Parilly avancent au galop. L’Association des courses hippiques lyonnaises (ACHL), qui administre ce site de 35 hectares à cheval entre Bron et Vénissieux, peut se targuer d’économiser des dizaines de milliers de mètres cubes d’eau par an.

Les chiffres sont parlants : en 2020, 140 000 m3 d’eau étaient utilisés pour entretenir les pistes en herbe et pouzzolane*. En 2023, cette quantité a été divisée par deux : l’arrosage n’a nécessité que 70 000 m3 d’eau dont 65 % pour le galop et 35 % pour le trot. La ligne d’arrivée est sans cesse repoussée, l’objectif étant de descendre à 50 000 m3 en 2024.

Pour obtenir de tels résultats et devenir signataire de la charte nationale des hippodromes pour la réservation des ressources en eau, l’ACHL a multiplié les investissements ingénieux et adopté de nouvelles pratiques.

Une station météo à domicile

« L’idée, c’est d’arroser à bon escient, résume Romain Garin, régisseur général. L’arrosage préventif, c’est fini. On a investi dans une sonde hydrométrique. Ainsi, on ne se base plus sur un ressenti humain mais sur des données objectives. On sait exactement quel secteur de la piste a soif. »

Depuis 2021, l’hippodrome collabore avec la jeune entreprise locale Lyon Météo (lire par ailleurs). « Grâce à ce service, on dispose de notre station météo, se réjouit Romain Garin. Les données sont propres à la piste. On a un anémomètre sur le toit de la tribune. »

Un gazon en bonne santé

Pour aller chercher des économies supplémentaires, les jardiniers ne font pas que scruter le ciel. Ils préparent aussi le terrain en sélectionnant les semis adéquats car le gazon se doit d’être résistant au stress hydrique.

« Contrairement aux terrains de football, nos surfaces en herbe sont considérées comme une culture, explique le régisseur. Lorsque des zones s’abîment, on intervient en choisissant la variété de gazon la plus adaptée à la saison. Par exemple, d’ici quelques jours, on utilisera une fétuque** élevée plus adaptée à la chaleur. Il y a trois ans, on a stoppé l’utilisation de produits phytosanitaires pour utiliser de l’engrais biologique. Le sol est ainsi plus aéré et plus équilibré : on laisse travailler les insectes et les vers et les déchets de tonte apportent de l’azote. On épand aussi du fumier recyclé, qui a tendance à retenir l’eau. Depuis, l’enracinement est passé de 7 à 23 centimètres. »

Quatre fois par an, les sols bénéficient d’un bilan de santé complet. « À l’image d’une prise de sang chez l’homme, une analyse des sols permet de connaître ses besoins », illustre Romain Garin.

Deux piscines olympiques remplies d’eau de pluie

En 2023, un système de captage et de stockage d’eau a été aménagé. Les eaux de pluie sont ainsi récupérées sur une surface d’un hectare, au niveau des parkings véhicules et des boxes des chevaux. Les eaux de douche des chevaux, une fois recyclées, sont également dirigées vers sept cuves en acier de 20 mètres de long.

Aujourd’hui, 945 m3 de réserves en eau sont disponibles au printemps pour arroser la piste de trot et les espaces verts. L’économie représente 6 000 m3 d’eau par an, soit environ deux piscines olympiques. C’est assez pour couvrir les besoins nécessaires à l’organisation de 30 réunions de courses de trot.

« Quand on accueille 90 chevaux un jour de course et que chacun d’entre eux a besoin de 300 litres, ça va vite, estime Romain Garin. Depuis le 7 septembre, on a déjà récupéré 2 700 m3. »

De grosses économies d’électricité à la clé

Tous ces efforts ont forcément un coût. 431 000 euros ont été engagés pour financer les nouveaux équipements alors que la Fédération nationale des courses hippiques (100 000 euros) et la Région Auvergne-Rhône-Alpes (80 000 euros) ont apporté leur concours. « L’investissement est conséquent, concède le régisseur. On est des précurseurs. On essuie les plâtres mais ça fonctionne. On est l’hippodrome de secours de la fédération centre-est, ce qui nous oblige à être capable de garantir les réunions de course de trot en septembre, lorsque les réserves sont au plus bas. »

L’ACHL devrait tout de même amortir ces dépenses assez rapidement. Paradoxalement, toute ces quantités d’eau préservées génèrent avant tout des économies… d’électricité. La quasi-totalité de l’eau consommée est prélevée directement dans la nappe phréatique située sous l’hippodrome.

« Notre consommation électrique a chuté de 4 %, observe Romain Garin. Le système de récupération d’eau de pluie n’est pas électrifié. Il fonctionne de manière autonome, avec la gravité. On utilise moins les pompes. Il y a moins de réparations sur le réseau et moins d’usure du matériel. Au total, on économise entre 50 000 et 60 000 euros par an. En trois ans, l’investissement est remboursé. »

___

Après trois mois de trêve hivernale, l’hippodrome de Parilly rouvre ses portes ce dimanche 17 mars, pour le meeting de printemps.

Adresse : 4-6, av. Pierre-Mendès-France, 69500 Bron.

(*) Pouzzolane : roche volcanique dont la structure alvéolaire lui permet de retenir l’eau. Ici utilisée sous forme de pierres

(**) Fétuque : plante robuste qui produit des feuilles persistantes bleutées à vert-bleu.

L’arrosage des pistes, une question de sécurité

L’arrosage des pistes garantit un sol souple et homogène, indispensable à la pratique des courses hippiques.

Selon les derniers chiffres de la Direction départementale des territoires du Rhône (DDT) présentés lors des assises de l’eau en janvier 2023, les deux hippodromes Parilly et Carré de Soie étaient les lieux de loisirs les plus gourmands en eau du territoire en 2019, avec 130 000 m3.

L’eau reste une ressource indispensable à leur bon fonctionnement. « On n’arrose pas les espaces publics, se défend Romain Garin. On n’a aucun critère esthétique à respecter, contrairement aux golfs. À Parilly, certains promeneurs du parc nous invectivent quand on arrose les pistes. Il y a pas mal d’incompréhension. On est soumis à des restrictions mais on nous accorde des dérogations, sous réserve d’efforts. On tient un cahier d’arrosage et chaque litre est contrôlé à distance par la police de l’eau. Si l’on arrose les pistes, c’est pour garantir leur souplesse et assurer la sécurité des chevaux, jockeys et drivers. Les chevaux risquent des fractures : en cas de chute au milieu d’un peloton à 70 km/h, l’incident peut être catastrophique. »

Les besoins hydriques ne dépendent pas uniquement de la pluie

L’hippodrome de Lyon-Parilly est basé sur les territoires communaux de Bron et Vénissieux.

Ces dernières années, les besoins hydriques de l’hippodrome sont devenus conséquents, si l’on se base sur les observations de Romain Weber. Le fondateur de Lyon Météo relève une importe hausse des températures estivales depuis 2015. « Ces températures, associées à des vents forts, contribuent à assécher la végétation, explique-t-il. Et la sécheresse est très marquée depuis 2022. »

Pour autant, le météorologue brondillant n’attribue pas la sécheresse à une quelconque baisse des précipitations : « J’étudie les données pluviométriques mais aucune tendance ne se dégage depuis 1921, bien qu’il y ait des exceptions certaines années. »

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