On est en droit de se demander comment il fait. Quand il vous reçoit chez lui, à Vénissieux, Guy Créquie a les deux mains dans des attelles, à cause de l’arthrite, et il vient de subir une opération des yeux. Malgré cela, il vous tend avec le sourire son nouveau livre, « le 43e depuis 1981, ce qui fait presque un par an ». Paru chez Nombre7 éditions, cet essai s’intitule Pour une participation réelle des peuples à la représentation mondiale des nations. Et il ajoute avec fierté : « J’ai écrit en 2022 deux livres de 200 pages chacun ! » Son précédent ouvrage, Le Messager de la paix, est en effet sorti en mai dernier.
Qu’est-ce qui rend ce monsieur de 80 ans si productif ? Sans doute la constatation que la situation politique se dégrade partout dans le monde et qu’en humaniste convaincu, il déplore l’accélération des guerres.
« Je peux écrire 60 pages sans m’arrêter, confie-t-il. Je tiens cette puissance de travail de ma mère italienne qui, sans être allée à l’école très longtemps, pouvait écrire 14 pages de suite. Elle était incroyablement créative ! »
Il reconnaît que, fatigué, il n’avait pas envie de se lancer dans un nouveau livre mais… « Le contexte international montre combien les peuples sont de plus en plus éloignés des décisions de leur gouvernement. Et il faut encore compter avec les problèmes de climat, de terrorisme, de nucléaire… De son côté, l’ONU ne fait rien, sinon ce qu’elle peut pour l’aide alimentaire. Mais, elle a de moins en moins de poids dans la réglementation des conflits. Les casques bleus ne sont plus voulus ni sollicités. »
L’élaboration d’une culture de la paix
Après plusieurs pages sur la création de l’Organisation des nations unies, son fonctionnement, son financement et les principaux reproches qui lui sont adressés, l’auteur rêve d’une Journée internationale de la Paix — créée par l’ONU, elle a lieu tous les 21 septembre — au cours de laquelle « des représentants de l’ONU devraient informer du rôle et des objectifs de l’institution, débattre avec les populations, appeler à la mobilisation et aux dons directs pour la paix ». Il consacre également un chapitre sur l’affectation possible de l’I.A. dans le soin des blessés de guerre et rappelle la communication de Jean-Christophe Noël, chercheur associé au Centre des études de sécurité de l’Ifri (Institut français des relations internationales) : « Comment l’Intelligence artificielle peut-elle être utilisée au service de la paix ? »
Sont également traités dans le livre les BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud, Iran, Égypte, Émirats arabes unis, Indonésie et Éthiopie), les dépenses mondiales d’armement, la rencontre Trump-Zelensky, la situation à Gaza avec, pour seul objectif, « l’élaboration d’une culture de la paix ».
Guy Créquie remarque encore : « Un nouveau Premier ministre vient d’être nommé en France. Pas un mot pour le présenter, pas de programme prédéfini. Que peut-il faire ? Trouver une solution pour appâter les socialistes et éviter la dissolution ou la censure ? Hollande a même lancé une perche en proposant une pause dans la réforme des retraites. »
S’il revendique d’avoir écrit « un livre citoyen, parce qu’il ne vient ni d’un diplomate ni d’un chef de parti mais d’un citoyen lambda », Guy Créquie voudrait voir les peuples « se réveiller, prendre conscience ». Mais il n’est pas dupe. « On est tellement endormi ! »
Aussi, promet-il, son prochain livre — « si j’en avais encore un à faire » — serait positif.
Pour une participation réelle des peuples à la représentation mondiale des nations, Nombre7 éditions, 296 pages, 19,50 euros. Disponible chez l’éditeur, en librairie (sur commande) et sur les plateformes (Fnac, etc.).