Pendant l’été, les coupures d’électricité sont monnaie courante. Les épisodes caniculaires fragilisent le réseau électrique qui, dans l’agglomération lyonnaise, court sur 7 800 km, principalement en souterrain (84 %). Lors de la première vague de chaleur, une série d’interruptions de fourniture d’électricité a été observée les 22 et 24 juin et le 1er juillet. Le 1er juillet, un incident sur le réseau souterrain HTA (haute tension) aavait touché Vénisieux. Environ 700 clients avaient été privés d’électricité pendant près de 2 heures.
Le phénomène est bien connu d’Enedis, service public chargé de la gestion et de l’aménagement de 95 % du réseau de distribution d’électricité en France. « Pour que le réseau souterrain fonctionne bien, la chaleur accumulée en journée doit être compensée par un refroidissement nocturne, nous explique la direction régionale Sillon rhodanien d’Enedis. Dans ce cas, la température des câbles est maintenue en dessous du seuil critique. Ce refroidissement ne se produit plus lorsque les températures restent supérieures à 22 °C la nuit. Cela peut entraîner un claquage électrique, en particulier au niveau des jonctions entre deux câbles, zone plus fragile. »
Le SIGERLy demande à Enedis d’accélérer le mouvement
Gare donc aux nuits dites « tropicales », au cours desquelles les minimales reste au-dessus de 20 °C. Selon l’Observatoire régional climat air énergie, ces épisodes nocturnes sont de plus en plus fréquents depuis 1991.
Ces pannes inquiètent le SIGERLy. L’organisme public de gestion des énergies, qui représente près d’1 million d’usager autour de Lyon, avait adressé une lettre ouverte à la direction régionale d’Enedis, le 3 juillet dernier. « Ces incidents ne peuvent plus être considérés comme exceptionnels, indique le document. Ils révèlent une fragilité structurelle du réseau, en particulier dans les secteurs encore alimentés par des câbles papier imprégné (CPI) ou câbles synthétiques de première génération, identifiées depuis plusieurs années à fort taux de défaillance. »
Le SIGERLy revendique un état des lieux précis et public du linéaire de câbles et des boîtiers de jonction fragiles, une cartographie détaillée des secteurs à risques, une augmentation des investissements et un renouvellement plus rapide des vieux câbles. « À ce rythme de 13 km par an pour un total de plus de 450 km, ce problème ne sera réglé qu’en 2059, dans plus de 30 ans », fustige Pierre-Alain Millet. Le vice-président aux concessions du SIGERLy et adjoint au maire de Vénissieux tient les comptes : « En 2024, le territoire a connu 19 incidents pendant les périodes d’alerte orange canicule. En 2023, ce type de pannes concernait 66 incidents sur un total de 133, avec près de 15 incidents pour 100 km de réseau, quand les câbles récents ne faisaient l’objet que de 3 incidents pour 100 km. »
27 millions d’euros pour renouveler le réseau en 2024
Enedis dit pourtant partager les préoccupations du Syndicat. L’entreprise dévoile son plan d’investissements et sa stratégie de maintenance et de surveillance en temps réel : « Sur le territoire du SIGERLy, nous avons investi en 2024 plus de 57 millions d’euros, dont 27 millions spécifiquement pour moderniser et renouveler des câbles ancienne génération. Ces investissements s’accompagnent d’actions de surveillance et de maintenance ciblées sur les ouvrages sensibles. Une centaine de techniciens sont mobilisés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour garantir la continuité de l’alimentation. Nous disposons d’un camion-laboratoire qui détecte très rapidement les défauts. En prévision des vagues de chaleur, les moyens humains et techniques sont renforcés pour intervenir au plus vite. Depuis plusieurs points, nous pouvons réalimenter les clients grâce à des manœuvres automatisées et télécommandées en quelques secondes. Ainsi, un incident ne se traduit pas toujours par une coupure pour les usagers. »