“Travailler l’éloquence et l’argumentation” : c’était l’un des objectifs du faux procès présenté par deux classes de 3e du collège Paul-Éluard. Pour réaliser ce travail, les collégiens se sont inspirés du roman La Vague de Todd Strasser, qu’ils ont étudié en cours.
Dans ce livre — paru en 1981 et lui-même inspiré d’une réelle expérience menée par un enseignant américain en 1967 — on découvre Ben Ross, un professeur d’histoire dans un lycée qui décide de mener une expérience sur ses élèves pour leur faire comprendre les dangers d’un régime autoritaire et de l’endoctrinement. Il va donc créer un mouvement, nommé « La Vague », et imposer à ses élèves des règles strictes de discipline et de soumission.
Le professeur va vite perdre le contrôle de son projet. Le mouvement va prendre de plus en plus d’ampleur dans l’établissement, et les élèves vont devenir très durs contre ceux qui ne respectent pas les principes de La Vague ou critiquent son organisation. Certains jeunes vont même jusqu’à être agressifs contre ceux qui ne rentrent pas dans l’idéologie.
Réfléchir sur la manipulation
Pendant ce procès fictif, on retrouve donc à la barre un élève de troisième dans la peau de Ben Ross, le professeur d’histoire. Face à lui, une quinzaine de camarades répartis en juges, avocats, témoins et procureurs. Les élèves ont tenu leur rôle à la perfection, avec des argumentaires construits et une éloquence soignée. Cette mise en scène avait un double objectif : pédagogique et citoyen. Il s’agissait non seulement de permettre aux élèves de mieux comprendre le message de l’œuvre, mais aussi de les former à l’art du débat et à l’argumentation. « L’idée, c’était de les faire réfléchir sur la manipulation, la responsabilité des adultes, mais aussi de leur apprendre à défendre un point de vue, explique Caroline Pella, professeure de français à l’origine du projet. C’était impressionnant de les voir si investis. »
Aimane, un des élèves qui joue l’avocat de la défense, en retient une leçon plus personnelle : « Ce procès m’a fait comprendre à quel point on peut être influencé sans s’en rendre compte. Il faut vraiment garder un esprit critique, dans toutes les situations. » Cette expérience a permis aux collégiens de passer de la théorie à la pratique, d’interroger les dérives du pouvoir et de comprendre les mécanismes de l’endoctrinement. Une manière originale et percutante d’aborder des thématiques complexes et de faire résonner la littérature dans la vraie vie.
Julie Brûnel est médiatrice au collège Paul-Éluard depuis la rentrée. Une première à Vénissieux. Elle nous explique en quoi consiste précisément son métier.