Dans le film de film de Nabil Ben Yadir, chacun des personnages trouve la place qu’il mérite. Inspirés par de vraies personnes, certes, et aussi rendus totalement réels grâce au talent des comédiens qui les incarnent. « On savait qu’il y avait une urgence à filmer cette histoire, expliquait le cinéaste, mais on ne savait pas comment la définir. Elle sonne malheureusement encore d’actualité aujourd’hui. »
Au cours de la conférence de presse, Jamel Debbouze racontait qu’au moment de l’arrivée des marcheurs à Paris, il était dans la foule, sur les épaules de son oncle. « Je l’ai su il y a seulement quinze jours ! » Plus sérieusement, il ajoutait : « J’ai touché ça du doigt avec « Indigènes » et là encore avec « La marche » : c’est la première fois que nous sommes traités comme des héros. Nous sommes tous Français. Nous sommes nés et nous avons grandi ici, nous sommes icissiers. J’en ai vu s’arrêter devant les affiches et dire « On a participé à l’histoire de la France et on est fiers de ça ! » J’ai vraiment le sentiment d’avoir campé un héros tout en racontant notre histoire (…) Les marcheurs sont aujourd’hui un peu sur la défensive. Ils ont accueilli au départ notre travail avec une certaine réticence. Quand leur mouvement a été baptisé « la Marche des Beurs », je comprends qu’ils aient été échaudés, eux qui criaient qu’ils étaient Français. D’autant plus que cette désignation ne convenait pas, avec parmi eux des gens comme Christian Delorme, Jean Costil et tant d’autres. Je suis fier de rétablir certaines choses. Ils ont été meurtris d’avoir été relégués sur les bas-côtés de leur propre histoire. C’était une initiative tellement naïve et tellement forte. Aux États-Unis, des gens comme Charlton Heston ont marché avec Martin Luther King. En France, sauf à Paris, on a été tout le long de la Marche des petits bras. »
Revenant à l’époque actuelle, avec l’approche des élections municipales et européennes, et la montée du racisme, il ajoute : « Nous vivons à l’ère du mix, demandez à Daft Punk ou à David Guetta. Notre avenir, c’est la mixité ! »
Jamel ne se refait pas : pour appuyer ses dernières paroles, il se frotte à sa jolie partenaire dans le film, Charlotte Le Bon.
À la fin de la conférence de presse, l’équipe est rejointe par quelques marcheurs : Djamel Attalah, Marie-Laure Mahé et Bouzid. « J’ai vu deux fois le film, déclarait Djamel Attalah, et j’ai retrouvé le fond. C’est l’essentiel ! Ce cri du cœur était un cri de désespoir parce qu’il y avait un climat malsain dans ce pays, avec des actes meurtriers quasiment tous les jours. Nous avions le choix : emprunter la voie la plus dangereuse et répondre à la violence par la violence ou prendre celle de la sagesse. »
Bouzid paraît encore plus ému : « Je pensais que l’on avait raté notre but. Trente ans après, on reparle de nous et c’est bien. Nous n’aurons pas marché pour rien ! » Quant à Marie-Laure, elle est satisfaite que le film soit « une restitution et pas une reconstitution » : « Être une fiction, c’est toute la force de ce film. L’épisode affreux de la croix gammée gravée dans le dos de la jeune femme ne s’est pas passé pendant la marche mais il a vraiment eu lieu. Ce n’est pas un documentaire, c’est du cinéma populaire ! »
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