Tous les ans, en septembre, la Ville de Vénissieux en partenariat avec l’OMS et la Maison des associations Boris-Vian, organise un temps de rencontre entre les habitants et les associations. © Grégory Moris
Le 11 novembre dernier, de nombreuses associations, dont le Centre associatif Boris-Vian (CABV), ont répondu à l’appel du Mouvement associatif, une structure qui rassemble près de 700 000 associations à travers la France, soit près de la moitié de celles existantes, pour dénoncer des baisses de financement.
D’après le collectif, le monde associatif lutte contre une « crise sans précédent » avec « une situation qui se dégrade dangereusement », alors que « les besoins ne cessent d’augmenter ». Il met notamment en avant les 2,4 millions de personnes concernées par l’aide alimentaire, les 2 159 enfants dormant à la rue, ou encore la hausse du taux de pauvreté pour la première fois depuis 1996. Pourtant, en 15 ans, « la part des subventions a baissé de 41 % dans le budget des associations ».
Parmi les difficultés recensées, le Mouvement associatif évoque aussi « la suppression des emplois aidés, la baisse du nombre de volontaires en service civique, l’effondrement des budgets et les menaces sur les libertés associatives ».
Sur le plan local, à Vénissieux, le Centre associatif Boris-Vian, qui accompagne et coordonne de nombreuses associations du territoire, déplore une « inquiétude globale » et une « ambiance morose » : « Personne n’est rassuré face à ce qu’il se passe », constate Marion George, chargée d’accompagnement de la vie associative.
« C’est beaucoup de pression »
Avec Corine Romeu, directrice du CABV, elles constatent une mise en concurrence croissante entre les associations : « Avec la baisse des financements, les structures doivent répondre à de plus en plus d’appels à projets, expliquent-elles. Les associations doivent monter des dossiers, travailler dessus pendant plusieurs mois sans être certaines d’être sélectionnées à la fin… C’est beaucoup de pression. Certaines s’obligent même à modifier leurs objectifs pour survivre et obtenir des réponses positives. Quand on est une association composée uniquement de bénévoles, c’est très compliqué : il faut s’accrocher. »
Au total, près de 50 % des associations ont perdu des subventions publiques en France, d’après le Mouvement associatif. En Auvergne-Rhône-Alpes, une sur deux a vu son renouvellement de financement ne pas aboutir en 2025, et 44 % des financements attribués sont en baisse. Cette situation oblige de nombreuses structures à réduire leurs activités et leurs actions : plus de 56 % y ont été contraintes.
Pour celles qui emploient des salariés, près d’une sur dix a dû procéder à des licenciements, y compris parmi les grandes structures. Récemment, le Secours catholique a annoncé la suppression de 130 postes au sein de l’association. À Vénissieux, selon Valérie Maire, gestionnaire comptable du CABV, « les associations employeuses sont très fragilisées depuis deux ans ». Elle dénombre près de vingt structures disparues. « Sur le long terme, c’est inquiétant, affirme Marion George. La précarité augmente, les associations viennent en aide à ces personnes, et pourtant elles se retrouvent mises en concurrence entre elles. » Une prochaine mobilisation du collectif Mouvement associatif devrait avoir lieu mi-novembre.
