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Portraits

Écrire, dit-il

Ce Vénissian noircit depuis toujours ses calepins de poèmes et de chansons, qu’il concrétise avec Avis Contraire. Il publie coup sur coup deux textes plus longs, l’un dans un recueil consacré à Boris Vian, l’autre dans la revue RumeurS.

Ce Vénissian qui travaille aujourd’hui à l’Espace Pandora noircit depuis toujours ses calepins de poèmes et de chansons, qu’il concrétise avec Avis Contraire. Il publie coup sur coup deux textes plus longs, l’un dans un recueil consacré à Boris Vian, l’autre dans la revue RumeurS.

Il existe dans la vie des voies qu’on a envie de prendre et d’autres dont on est sûr qu’elles ne sont pas pour nous. Un qui a su choisir, c’est bien Christophe La Posta. Ce grand gaillard d’une quarantaine d’années, au look sportif, est Vénissian depuis toujours. « Mes grands-parents étaient de Vénissieux et mes parents s’y sont rencontrés. Ils sont ensuite partis à Vaulx-en-Velin et je suis né à Lyon 3e. J’avais déjà fait la maternelle à Vénissieux parce que ma grand-mère me gardait et mes parents y sont revenus lorsque j’avais six ans. Et j’y suis resté. »

Christophe fréquente l’école primaire Joliot-Curie, le collège Balzac, le lycée Marcel-Sembat et, en 1998, est obligé de s’exiler à Lyon pour aller à la fac, « parce qu’il n’y en a pas dans la commune ». « J’ai fait une licence de génétique à l’université Claude-Bernard. Je n’ai pas pris un chemin très facile. En fait, je suis allé à l’école parce que je ne savais pas quoi faire d’autre. »

Ce qui lui convient jusqu’à la licence devient impossible ensuite. « Il fallait que je trouve un laboratoire et je me suis rendu compte que ce n’était pas fait pour moi. »

Christophe trouve des petits boulots et passe de plus en plus de temps à noircir du papier avec des textes courts qu’il rédige d’un jet. « Je ne viens pas d’un monde très lecteur. J’ai toujours eu envie d’écrire mais je n’étais pas un super élève. J’avais une écriture assez moche et je faisais beaucoup de fautes d’orthographe. À l’université, ça me trottait de plus en plus dans la tête. J’ai toujours des carnets dans mon sac à dos, sur lesquels je note plein de choses. »

Un jour, il se rend à un concert où il reconnaît le chanteur, ancien prof d’anglais du collège. « Il avait écrit ses chansons. Je me suis dit que j’allais m’y mettre. »

Ses premiers textes, il sait très bien qu’il ne pourra pas les chanter lui-même. Il essaie de les donner ici ou là, les propose à tous ceux qu’il va écouter. « J’ai découvert le slam et me suis dit que c’était plus facile et qu’il n’y avait pas besoin de savoir chanter. »

Sept ans et demi

Alors qu’il est animateur en périscolaire à Dardilly, un événement dramatique va catalyser son écriture. « J’ai rencontré une petite fille, Marina, qui a attrapé le cancer et qui en est décédée. Je me suis rapproché de ses parents qui avaient fondé une association, Aider Marina, qui existe encore et récolte des fonds pour la recherche. J’ai écrit un texte, Sept ans et demi, que mon frère Nicolas a mis en musique sur son ordi. Avec des parents et leurs enfants, nous avons même tourné un clip qui est encore visible sur YouTube. Je pensais que c’était juste one shot pour l’association. Puis, avec Nicolas, on a fait une deuxième chanson, une troisième et on a pris le nom d’Avis Contraire. »

Aujourd’hui, sur le site Soundcloud, on trouve une quinzaine de titres du duo. « On a publié ce qu’on avait et on a eu quelques bons retours. On a le mérite d’exister, même pour peu de monde. Mais on a du mal à s’y tenir, on est happé par ce qu’on a à faire. »

Quand on lui parle d’éventuels concerts ou d’albums, Christophe n’est pas contre. « On n’a jamais goûté à ce risque-là. C’est du travail, un spectacle. Mais si c’était possible, on aimerait essayer. » Quant au disque… « J’ai du mal à reprendre des textes passés. C’est pour cela que j’écris constamment : pour avoir du nouveau tout le temps. »

Pour les sujets, Christophe puise dans l’actualité et les rencontres. Alors qu’il est au RSA et recherche un job, il apprend que l’Espace Pandora recrute. L’Espace Pandora, pensez s’il les connaît, ces agitateurs culturels, éditeurs, organisateurs de soirées poétiques et du Magnifique Printemps dans toute l’agglo.

« Comme j’écrivais depuis pas mal de temps, quelqu’un m’a conseillé d’aller les voir. Le directeur, Thierry Renard, m’avait reçu et proposé de suivre des ateliers d’écriture. J’ai commencé avec ceux de Denis Pourawa, le poète qui était à ce moment en résidence littéraire chez eux, et j’ai suivi ensuite tous les autres auteurs qu’ils ont accueillis. »

Quand il apprend donc que Pandora est à la recherche d’un collaborateur, il appelle Thierry Renard qui lui dit tout simplement : « Viens ! » Et, comme Jules César, Christophe est venu, a vu et… a conclu.. Il s’occupe donc aujourd’hui de la médiation et de l’action culturelle de l’association.

Les frontières sont faites pour être dépassées

Écrire des chansons et de la poésie, se rend-il compte, c’est finalement un peu la même chose. « Grâce aux ateliers d’écriture que j’avais suivis, ça pouvait donner quelque chose. J’ai continué. En me disant qu’il fallait toujours sortir des frontières, ne rien s’interdire, aller toujours plus loin, toujours vers autre chose. Au début, j’écrivais en rimes. Je continue à le faire mais je me suis autorisé des formes plus courtes, plus longues, d’autres écritures. Des fois, ça ne marche pas mais tout me sert de modèle, tout le temps. »

Christophe a pris conscience que les différents domaines culturels s’adressaient à tout le monde. Et qu’on pouvait s’inventer d’autres vies à travers l’écriture. Récemment, il s’est essayé à des textes plus longs. Le premier pour le recueil autour de Boris Vian publié à La Passe du vent, On n’est pas là pour se faire engueuler. Le second pour la revue RumeurS. « Là encore, j’ai joué sur les frontières, pour les pousser de plus en plus loin. Les frontières sont faites pour être dépassées. On peut tout à la fois être dans le vrai et l’imagination. L’écriture le permet et la lecture aussi. Et les périodes de doute où l’on se dit que tout cela ne sert à rien permettent d’avancer. Et de continuer. »

Jean-Charles Lemeunier

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