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Déconfinement : les coiffeurs reprennent des couleurs

Avec deux mois de gel de leur activité, les salons de coiffure ont frisé la catastrophe. Depuis le 11 mai, c’est le rush sur le brush, mais les contraintes sanitaires obligent les merlans jouer les anguilles avec les rendez-vous.

Même loin d’avoir les cheveux dans les yeux, les messieurs aussi sont passés au salon dès le premier jour du déconfinement. Ici, le salon de coiffure de Corinne. Photo R Bert

Avec deux mois de gel de leur activité, les salons de coiffure ont frisé la catastrophe. Depuis le 11 mai, c’est le rush sur le brush, mais les contraintes sanitaires obligent les merlans à jouer les anguilles avec les rendez-vous.

“Soixante jours sans rentrée d’argent, il y a de quoi se faire des cheveux blancs”… Installé depuis plus de 50 ans boulevard Laurent-Gérin, le salon de coiffure Ernest est le plus ancien de Vénissieux. Pleine d’humour et d’énergie, Christella a pris la suite de son papa pour coiffer les messieurs. De l’énergie, il en faut, pour affronter le rush sur le brush, depuis que le 11 mai a libéré des milliers de confinés échevelés et décolorés.
“Ma clientèle, ce sont des hommes, donc le plus difficile, c’est pas de les coiffer, c’est de leur faire modifier leurs habitudes ! Avant, ils venaient sans rendez-vous, maintenant, c’est impossible, je ne peux pas faire attendre les gens dans le salon, c’est trop petit. Tant pis si ça les défrise, désormais il faut réserver !”

Racines, carrés…

Le salon Ernest, désormais tenu par Christella. Photo DR

Gérer les rendez-vous est devenu plus compliqué que réaliser une permanente. Corinne, patronne d’un salon mixte avenue Jean-Jaurès, a rouvert le 11 mai. “Rien que le samedi, 32 personnes m’ont appelées sur mon portable pour obtenir un rendez-vous, essentiellement des dames. J’ai même trouvé des petits mots glissés sous ma porte !” Personne ne s’est encore crêpé le chignon pour passer en premier au bac, mais c’est limite. Selon Corinne, “ces deux mois sans soins, c’est la cata : des cheveux trop longs, des racines apparentes, il y a tout à refaire !” Comme tous ses collègues, elle a repris le travail à un rythme très soutenu. “Depuis lundi, c’est 7h30 – 19h30 non-stop, tous les jours. À partir de la semaine prochaine, je commencerai à 8 heures et je m’accorderai une pause à midi, sinon je ne vais pas tenir”.

Journées continues

“Tenir” le rythme, c’est l’objectif de Magali, qui tient un salon rue du Professeur-Roux. Un objectif vital. “Si je ne travaille pas 15 heures par jour pendant les prochains mois, c’est simple, je coule. J’ai rouvert dès lundi et depuis je n’arrête pas, de 7h30 à 20h30. Je ne le demanderai pas à ma salariée, mais moi je viendrai travailler les jours fériés et le dimanche matin. Je n’ai pas le choix, il faudra bien ça pour sauver mon commerce.”

Le salon pour hommes Prestige Coiffure est complet tous les jours. Photo R Bert Expressions

Maria Balart tient, elle aussi, un salon boulevard Laurent-Gérin. Et chez elle aussi, le planning est complet une semaine à l’avance. “Malgré des journées continues, les mois perdus ne se rattraperont pas”, confie-t-elle. Le temps perdu, voilà l’ennemi ! “Une coupe homme, c’est une demi-heure de travail, mais pour une dame, entre la couleur, la coupe, le brushing, c’est facilement deux heures, voire trois s’il il y a une mise en pli. Ce n’était pas un problème avant, je pouvais avoir 3 clientes à la fois, en répartissant le travail entre le bac, la coupe, le temps de pose à respecter pour les couleurs, c’était jouable… Mais aujourd’hui, dans mon salon qui ne fait que 30 m2, je ne peux prendre qu’une personne à la fois ! C’est une énorme perte de temps, mais on n’a pas le choix”.

D’autres obligations sanitaires font perdre du temps, et de l’argent. “Après chaque cliente, je désinfecte le fauteuil, le bac et les ciseaux, avec des lingettes et des produits qui sont à notre charge, tout comme les peignoirs et les serviettes à usage unique que nous devons utiliser à la place de notre linge habituel”, explique Maria. “Cette période n’est pas facile, mais on se doit d’être irréprochables. Si tout le monde ne joue pas le jeu et qu’on est obligés de refaire un confinement, ça nous achèverait !”

Des coups de pouce limités

Comment les salons ont-ils franchi ces deux mois sans rentrée de trésorerie ? Christella s’estime bien lotie. “J’ai des charges mais heureusement je n’ai ni salarié ni loyer, ça limite sérieusement la casse. J’ai obtenu les 1.500 euros du fonds de soutien national aux PME, une aide de 1.000 euros de la Métropole et une autre de l’Urssaf, qui a aussi reporté le paiement du RSI. Sans ça, la situation serait vraiment compliquée”.

C’est bien l’avis de Magali, la coiffeuse du Moulin à Vent. Elle aussi a reçu un coup de pouce de l’État et du Grand Lyon. “C’est bon à prendre mais je ne vais pas aller loin avec ça. Pendant ces deux mois sans chiffre d’affaire, il a bien fallu que je paye ma salariée, mon loyer et mes charges, qui sont élevées. Je n’ai même pas vu arriver les malheureux 200 euros promis par la CCI. Je ne compte pas sur les aides pour m’en sortir, mais sur mon courage et sur la fidélité de mes clients”.

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